Cinéma

Les soeurs Brontë à l'écran

Une adaptation de Jane Eyre et un film inspiré des Hauts de Hurle-Vent, qui sortent dans les salles britanniques cet automne, montrent que la fascination exercée par les sœurs Brontë demeure particulièrement vive.
Les deux romans ont déjà suscité plusieurs adaptations cinématographiques. Albert Victor en 1920, puis Bramble, Luis Buñuel et Yoshishige Yoshida ont tout à tour porté à l’écran Les Hauts de Hurle-Vent. De leur côté, Travers Vale (en 1915) et Robert Stevenson (en 1944, avec Orson Welles et Joan Fontaine) ont adapté le Jane Eyre de Charlotte Brontë. Les deux nouvelles adaptations devraient s’en distinguer, insistant sur des aspects méconnus de l’œuvre des sœurs Brontë, leur humour par exemple.
Jane Eyre
, de Cary Fukunaga, est déjà à l’affiche dans les salles britanniques et sortira en France en janvier 2012.
Wutherting Heights, réalisé par Andrea Arnold, devrait quant à lui sortir le 11 novembre. Ces films rappellent en tout cas la place très particulière occupée par les sœurs Brontë dans le paysage littéraire et dans la culture populaire.

Melville, L'Armée des Ombres

Un lien très précieux sur LE grand film sur la Résistance :

https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_2001_num_72_1_1414

Cet article, paru dans une revue d'historiens,
Vingtième Siècle, étudie le film de JP Melville L'Armée des Ombres (point de vue de l'historien, comparaison avec le livre de Joseph Kessel, éléments d'analyse
des images, réflexion sur la manière de filmer et d'héroïser les personnages, etc.)

un autre
lien ici : Le visage de l'histoire
L'armée des ombres et la figuration de la Résistance au cinéma
Vincent Guigueno

Tavernier La Princesse de Montpensier

Sortie du dernier film de Bertrand Tavernier.
Les critiques sont unanimement élogieuses.
1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage… Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières (Mélanie Thierry) aime Henri, Duc de Guise (Gaspard Ulliel). Elle est contrainte par son père d’épouser le Prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet). Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes (Lambert Wilson). Elle tente en vain d’y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l’enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d’Anjou (Raphaël Personnaz), futur Henri III.
Adaptation d'une œuvre de Madame de La Fayette, La Princesse de Montpensier marque la consécration des talents de réalisateur de Bertrand Tavernier, bien que celui-ci soit reparti les mains vides de Cannes où son film était en sélection officielle.
La Princesse de Montpensier permet à Bertrand Tavernier de rendre hommage à un cinéma qu'il connaît bien, à travers un film romantique presque politique, porté par des acteurs qui donnent ici toute la portée de leurs talents.

Autant-Lara : le Diable au corps en dvd

Claude Autant-Lara, Le Diable au corps

Attendu depuis des années pour d’obscures raisons de droits, « Le Diable au corps » vient juste de paraître en dvd.

l est rare d’assister, d’un fauteuil, à une histoire qu’on a vécue et dont on a connu les personnages. J’avais adopté Raymond Radiguet comme un fils. Or grâce à Claude Autant-Lara, à Jean Aurenche, à Pierre Bost, à Michel Kelber, grâce à Micheline Presle et Gérard Philipe, il s’est produit en ce qui me concerne, un phénomène étrange, analogue à celui du rêve. Les faux personnages, les décors, se sont substitués aux vrais personnages, aux vrais lieux, au point de me les faire revivre sans la moindre gêne et dans une émotion poignante. Je ne saurais dire la reconnaissance que j’ai d’un pareil prodige. Claude Autant-Lara ne connaissait pas la maison du Parc Saint-Maure. Il l’a construite. Les acteurs ne connurent ni Raymond, ni Marthe. Ils les furent. Il les furent jusqu’à me perdre dans un labyrinthe de souvenirs, jusqu’à me duper l’âme… »

Jean Cocteau — La revue du cinéma — n°7 — été 1947 »
«I





Les Tontons flingueurs

Un petit bijou à télécharger: la transcription intégrale des dialogues des « Tontons flingueurs »:
« D’accord, d’accord, je dis pas qu’à la fin de sa vie Jo le trembleur il avait pas un peu baissé. Mais n’empêche que pendant les années terribles, sous l’occup', il butait à tout va. Il a quand même décimé toute une division de panzers. »

LesTontonsFlingueurs


Meurtre dans un jardin anglais : étude

Une belle étude de film: Meurtre dans un jardin anglais, de Peter Greenaway


Par Gilles VISY
de l’Université de Limoges



SYNOPSIS: Au XVIIe siècle, une aristocrate, profitant de l’absence de son mari, engage un peintre pour immortaliser son domaine. En dédommagement, elle lui offre la totale jouissance de son corps. L’artiste découvrira trop tard les buts secrets de cet agréable contrat.



«LE CAHIER» d'Hana Makhmalbaf

Plus d’une centaine d’écoles de filles incendiées, deux écoles où les filles ont été « gazées » (oui, gazées!) par les talibans en Afghanistan. On en pleure des larmes de sang.
Justement, sur une chaîne de cinéma, passe en ce moment
« LE CAHIER » d’Hana Makhmalbaf, dont le titre original est « Bouddha s’est écroulé de honte ».
Hana Makhmalbah est une jeune cinéaste iranienne.

« LE CAHIER » est un film bouleversant à plus d’un titre car il est filmé à hauteur d’enfant pour traiter à la fois de leur nécessaire éducation, de la terrible condition des femmes dans trop de pays au monde, et de l’obscurantisme galopant qui ne cesse de menacer les civilisations.
On reste sidéré devant l’obstination de cette si gracieuse petite fille, vivant dans une caverne troglodyte de la montagne afghane, non loin des Bouddhas détruits par les talibans, mais résolue à acquérir un cahier pour aller à l’école et apprendre elle aussi à lire des histoires. À travers tous les périls qu’elle va braver dans un incroyable parcours d’obstacles, on perçoit aussi bien la détermination que donnent l’innocence et l’ignorance du danger, et la certitude de défendre son droit à l’apprentissage de la lecture, un droit qu’on voudrait élémentaire pour tous les enfants du monde.

« Le cahier » est un film que la critique devrait soutenir aussi pour ses grandes qualités cinématographiques. Le rythme est lent, mais la simplicité de la narration, les dialogues réduits à l’essentiel, les plans rapprochés sur les visages d’enfants, filmés avec tendresse et discernement, le tragique des situations décrites — la petite fille menacée de lapidation par « un jeu » (?) des enfants talibans — et l’aventure incroyable que représente pour cette petite fille le seul fait de trouver et son cahier et l’école pour les filles, le tout se charge d’une grande intensité dramatique, et donne au film d’Hana Makhmalbaf une allure de manifeste pour l’éducation.

À donner à voir en urgence, aussi bien à tous les ministres et politiques en charge d’éducation nationale qu’à tous les élèves qui considèrent l’enseignement comme un dû et en piétinent les bienfaits.


La censure cinématographique en France

Parmi les nombreuses thèses d’étudiants de L’IEP de Lyon, j’ai trouvé celle-ci fort intéressante :

Lionel TRELIS
Institut d’Études Politiques de Lyon
LA CENSURE CINÉMATOGRAPHIQUE EN FRANCE

Résumé

De et sous toutes obédiences politiques, la censure cinématographique s’est manifestée, passant d’une ostentation forte et institutionnalisée à une loi de l’interdit et du politiquement correct. À chaque époque sa censure. Elle consiste en tout contrôle d’une autorité publique ou privée disposant d’un pouvoir direct/indirect et discrétionnaire d’interdiction sans aucun contrôle démocratique de sa décision. La censure peut revêtir une forme larvée ou insidieuse sous l’apparence d’un contrôle anodin.
Les spécificités du cinématographe, qui est un médium « chaud » impliquent une évolution originale des notions d’interdit à l’écran et de protection du spectateur. Aussi constate-t-on le déclin progressif mais tardif et relatif de la légitimation de la censure
: on passe de la peur de l' « obscurité malsaine » à l’émergence d’une certaine liberté d’expression cinématographique. C’est l’acheminement vers la mort de la censure « archaïque ».
Les thèmes à risque, la censure militaire etc. rendent le lien infime entre censure et propagande, qui sont les deux faces d’une même médaille consistant à violer les foules, ce qui dénote une tendance à l’abrutissement et à l’instrumentalisation de la censure contre la réflexion.
L’évolution récente confirme la mutation en une censure qui ne dit pas son nom et laisse poindre une conclusion pathétique à notre démonstration.
De la censure politique à la censure économique, et de la censure économique à une pseudo-libéralisation, le Salut passe par une responsabilisation tant du spectateur que du créateur.

Charlot par Elie Faure

Quelques pages magnifiques du grand critique d’art Elie Faure sur le personnage de Charlot:

http://classiques.uqac.ca/classiques/Faure_Elie/fonction_cinema/charlot/Faure_Charlot.pdf

« Voici le farfadet narquois qui disparaît en dansant dans l’ombre d’un couloir sordide ou sur la lisière d’un bois. Voici Watteau, voici Corot, les grands arbres encadrant la guirlande des farandoles, le crépuscule vert et bleu qui s’enfonce sous les feuilles, le pauvre emporté par le songe, avec ses souliers éculés, ses gambades grotesques et charmantes, parmi les nymphes qui l’entraînent dans les prés ensoleillés. Entouré de divinités éternelles, la sorcière, la sirène, Hercule, ou bien le Minotaure à forcer dans son antre avec sa petite canne et son invincible candeur, voici le lutin associant à sa joie humble, à sa souffrance ridicule, la grande complicité poétique du vent, de la lumière, des murmures sous les branches, du miroitement des rivières, de la plainte des violons. J’ai dit ailleurs qu’il me fait penser à Shakespeare. Je suis bien obligé de le redire, puisque la plupart accueillent mon insistance par des sourires supérieurs et que pourtant cette impression s’accuse toutes les fois que je le vois. D’une complexité sans doute moins grandiose – Charlot a trente ans et Shakespeare s’éloigne, et puis Shakespeare est Shakespeare – il a ce même lyrisme éperdu, mais lucide. À l’état sans cesse naissant et jaillissant de son cœur, il a, comme lui, cette fantaisie sans limites qui unit dans le même geste, spontanément, l’enchantement ingénu que la vie soit si magnifique et la conscience souriante, c’est-à-dire héroïque, de son inutilité. S’il penche du côté du rire, […] »