Modérateur, Modératrice

La personne qui arbitre un débat, une table ronde à la télévision ou à la radio est un « modérateur » ou une « modératrice ».

Elle veille à ce que le temps de parole soit également réparti, que le ton reste courtois, que les personnes qui débattent ne s’écartent pas du sujet…

Ce mot vient du latin « 
moderator ». Il a d’abord été emprunté par les Américains et désormais il est employé dans toute la francophonie.

Le mot « 
animateur, animatrice » peut être employé comme synonyme.
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Affecter

Affecter est un anglicisme quand on l’emploie au sens de « concerner », « toucher ».
Ainsi, il est fautif de dire
: « *Cette mesure affecte tous les élèves nouvellement inscrits »

La formule correcte est
: « Cette mesure concerne - ou touche tous les élèves nouvellement inscrits ».

Le sens le plus courant et le plus correct de « 
affecter » est celui de « avoir un effet négatif sur la santé, sur le moral »:
Exemples
:
« 
Son diabète l’a beaucoup affecté »; « la maladie de sa femme l’a beaucoup affecté ».
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Étranger, aubain, forain

L'ancien français a connu deux autres mots qui ont signifié « étranger », mais dont les sens actuels sont très éloignés de ce premier sens.

Le premier est aubain.
C'était un terme juridique qui désignait une personne originaire d'un pays étranger et vivant en France. Il se présente sous la forme
alibanus en latin du Moyen Âge. D'où vient ce mot alibanus?

On le rattachait autrefois à l'adverbe latin
alibi, « ailleurs ». Mais les étymologistes préfèrent maintenant lui attribuer une origine germanique et y reconnaissent un mot composé d'ali « autre » et de ban « domination » - « qui est soumis à un autre seigneur ».

Ces
aubains étaient soumis au droit d'aubaine: à leur mort, leur héritage revenait non à leurs héritiers légitimes, mais au seigneur du lieu.
Cet usage barbare disparut à mesure que les pays concluaient entre eux des traités qui assuraient à leurs ressortissants un traitement plus humain.

Il n'en est resté que le mot
aubaine, qui désigne un profit inespéré, un avantage inattendu (ce qu'était pour un seigneur l'héritage d'un étranger qui mourait sur son territoire).


Le second mot est forain, qui vient du latin postérieur foranus, dérivé de l'adverbe foris, qui signifiait « au-dehors » (comme extraneus a été fait sur extra).

Forain, au sens d' « étranger », s'employait surtout dans des expressions toutes faites, mais ces expressions étaient assez nombreuses.
Parmi celles qui ont subsisté le plus longtemps :
la caution foraine que devaient fournir les étrangers plaidant contre un sujet du roi ; la rade foraine, où des navires étrangers pouvaient séjourner, même en temps de guerre. La traite foraine était une taxe levée sur les marchandises importées ou exportées (comme nos droits de douane actuels).

Un marchand forain (ou simplement un forain) était un marchand étranger au pays ou, au moins, à la province ou à la localité. Comme ces marchands fréquentaient surtout les foires, on a rattaché forain à foire, bien qu'il n'y ait aucun rapport étymologique entre les deux mots

Foire vient en effet du latin feria « jour férié », qui s'est dit des jours de marché. Si bien qu'actuellement un marchand forain est un marchand qui vend dans les foires et les marchés, par opposition aux commerçants sédentaires qui sont fixés dans une ville ou un village.

La notion de
foire a même été dépassée: on appelle fêtes foraines l'ensemble des loteries, baraques de friandises, manèges, etc., tenus par des forains, dont la réunion est autorisée à certaines époques de l'année (sans qu'il y ait une foire proprement dite).

Seul donc
étranger, détaché d'étrange, a subsisté dans son sens propre. Aubaine et forain ont été entraînés, à la suite de circonstances particulières, dans des sens très différents.
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Le mot «Étranger»


Pour expliquer le mot
étranger, il faut partir de l'adverbe latin extra (également préposition et préfixe) qui signifie « en dehors ».

Dès l’époque latine, on a construit sur
extra un adjectif dérivé: extraneus, qui, par une évolution phonétique normale, a abouti à estrange, puis à étrange.

Au Moyen-Âge,
étrange a couramment le sens d' « étranger ».

« 
Chevalier suis d'étrange terre » (Je suis un chevalier d'une terre étrangère) est un vers octosyllabe qu'on trouve assez souvent dans les romans courtois.

Mais
étrange a développé le sens de « bizarre », « singulier », « extraordinaire ».

À une époque où les voyages étaient moins fréquents qu'aujourd'hui, des habitudes, des manières, des vêtements, des objets peu connus pouvaient facilement susciter l'étonnement.

Le double sens du mot
étrange devenait gênant.

Des gens
étranges pouvaient être des étrangers, mais aussi, simplement, des personnes qui sortent de l'ordinaire.

On constate que les deux sens coexistent encore au XVIe siècle
:
nations étranges - pour « nations étrangères » - ne surprend personne et La Fontaine (qui a souvent le goût d’une langue un peu archaïque) emploie encore cette expression dans ses Fables (Le Renard anglais, XII, 23).

Peu de nos chants, peu de nos Vers,
Par un encens flatteur amusent l’Univers
Et se font écouter des nations étranges.


Mais le remède à cette ambiguïté est apparu dès le XIVe siècle, avec la création du mot « 
étranger », qui a pris le sens ancien et premier du mot, alors que le mot « étrange » a porté le sens secondaire.

Le suffixe
ier (devenu er après les consonnes ch et g) a simplement ici une valeur différenciatrice.
Il a permis de distinguer les deux sens d'
étrange, en affectant un mot différent à chacun.

Jacques Prévert réunit les deux mots dans le titre d’un poème célèbre :
Etranges étrangers, Grand bal de printemps Éditions Gallimard, 1976. 


Mais, encore aujourd'hui, « 
étranger » cumule deux notions.

II peut se dire d'un
autre pays, mais aussi simplement d'une autre localité, d'un autre milieu, d'une autre famille. Quand on dit qu'un enfant est timide avec les étrangers, cela signifie simplement « avec les personnes qui ne sont pas de sa famille ou de son entourage habituel ».

Dans les villages, on appelle encore quelquefois
étrangers les habitants de la localité voisine…

Étranger peut même se dire de ce qui n'a pas de rapport avec une personne:

« 
L’idée de race m'est étrangère » (elle n'entre point dans ma façon habituelle de penser).


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Incontournable


L’adjectif INCONTOURNABLE est souvent employé de façon abusive.

INCONTOURNABLE signifie
: « qu’on ne peut pas éviter, qu’il est impossible de contourner sur sa trajectoire ».

Au sens figuré, il signifie
: « dont il faut tenir compte » : un argument incontournable.

En revanche, il est abusif d’employer cet adjectif au sens de INÉVITABLE, IRRÉSISTIBLE, INDISPENSABLE.

Exemples
:
Parmi les invités, il y avait l’inévitable Philippe S. (et non l’incontournable).

En voyage, j’emporte toujours mon indispensable ordinateur portable.
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