Honneur

L’HONNEUR est la notion centrale de l'idéal aristocratique.

Pour le noble, l'honneur représente à la fois
le sentiment de sa dignité et de sa valeur (droiture morale, dévouement, bravoure, aptitude au combat, loyauté) et la reconnaissance sociale de cette valeur incarnée par son nom.

L'honneur est donc indissociable de la
gloire, que toute la famille (la lignée) doit impérieusement respecter: noblesse oblige.

Ce sens de l'honneur, du point d'honneur, l'emporte parfois sur tout autre sentiment. Il faut alors
venger par le sang les affronts faits à l'honneur d'une maison, d'un nom.

Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire
D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison
!

CORNEILLE, Le Cid,v. 333-334.


Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses!

Ibid.,v. 1058.


Lorsque l'injure a une fois éclaté, notre honneur ne va point à cacher notre honte, mais à faire éclater notre vengeance.

MOLIÈRE, Dom Juan, III. 3.


2. L’honneur est la distinction, la marque de reconnaissance qui signale publiquement
les hauts faits, le courage ou le mérite, officialisant ainsi la gloire d'une personne ou de sa famille.

Ensemble nous cherchons l'honneur d'un beau trépas

CORNEILLE, Cinna, v. 1655.


Au début du XVIIIe siècle, Montesquieu indique que c'est
une dégradation de l'idéal aristocratique que d'oublier l'honneur en ne cherchant plus que les honneurs. Dès lors, c'est toute la société monarchique, fondée sur le principe de l'honneur, qui est menacée:

Le principe de la Monarchie se corrompt lorsque […]
l'honneur a été mis en contradiction avec les honneurs, et que l'on peut être à la fois couvert d'infamie et de dignités

MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, livre VIII, chap.7.

« Sans honneur » signifie « indignement ».


Comments

Honnête, honnêteté

HONNÊTE, adj. HONNÊTETÉ, n. f. (du latin honestus, honorable).

1.Ces mots définissent
l'idéal de la société classique.

L’honnête homme est celui qui a toutes les qualités qui font la
sociabilité (bonnes manières, courtoisie, politesse, modestie) jointes aux qualités du cœur et de l’esprit.

L'honnête homme est cultivé sans être pédant
: il est modeste.
Il « 
ne se pique de rien » (La Rochefoucauld, Maximes, 203).

On dit aussi, se référant aux mêmes qualités, dans un sens plus mondain,
galant homme et homme de bien.

Clitandre dans
Les Femmes savantes, Cléante dans Tartuffe, Philinte dans Le Misanthrope, sont les porte-parole de Molière et des honnêtes gens.

En eux domine la
raison, c'est-à-dire une sagesse pratique, pleine de bon sens, qui sait faire la part des choses, et cherche à modérer les passions.

L'expression « honnête homme », liée à un idéal de vie sociale équilibrée, se retrouve au siècle suivant, même si la raison est désormais liée à l'
esprit critique.


2.
Honnête, dans un sens plus général, signifie « respectueux des bienséances », c'est-à-dire élégant et courtois.

Une honnêteté est un geste courtois, une politesse, une marque d'obligeance.

Ces gens-ci, au lieu de me manger, m'ont fait mille honnêtetés dès qu'ils ont su que je n'étais pas jésuite. VOLTAIRE, Candide

Remarque
: Le sens moderne d'honnêteté financière et matérielle (respect du bien d'autrui) devient usuel à la fin du XVIIe siècle.
Comments

Romanesque et romantique


Ne confondons pas
ROMANESQUE et ROMANTIQUE
Romanesque signifie « qui s’apparente au contenu des romans ».
Ex.
: Quelle imagination romanesque!
Romantique signifie « qui évoque les éléments propres au courant littéraire et artistique du romantisme ».
Ex.
: Quel beau visage romantique!
Ne dites pas « une jeune fille très romantique », mais « une jeune fille très romanesque ».
Comments

Feeling


Le mot anglais « feeling » est tout à fait superflu en français, même s’il figure dans le dictionnaire Le Robert.
Les noms français ne manquent pas
: SENTIMENT, ÉMOTION, SENSATION, INTUITION.
Au lieu de dire « 
Je ressens un bon feeling », il vaut mieux dire: « J’ai une bonne sensation ».
Au lieu de dire « 
Il avait un bon feeling à son endroit » on dira: « Il avait une bonne intuition à son endroit ».
Comments

Impliquer et engager

Il faut éviter d’employer le verbe « impliquer » au sens de « engager ».
Par exemple, il est incorrect de dire qu’une personne est très
impliquée en politique. On dira plutôt qu’elle est très engagée en politique.
IMPLIQUER est souvent péjoratif
; il signifie « mêler à une affaire fâcheuse » ou, en justice, à une affaire criminelle.
Ex.
: Cet individu est impliqué dans un trafic de drogue.
IMPLIQUER a plusieurs autres sens, dont celui de « 
comporter de façon implicite »:
Ex.
: Cela implique que vous acceptez cette proposition.
Comments

Confiseur et bonbons


Le nom du
confiseur est dérivé du verbe confire.
Il n'apparaît qu'en 1636, mais le verbe lui est bien antérieur. Il remonte au verbe latin
conficere « achever ».

C'est à ce sens général que se rattache l'ancien verbe
déconfire « défaire un ennemi », qui ne subsiste plus que dans le participe passé déconfit, employé comme adjectif à propos d'une personne qui a subi une déconvenue.

Le dérivé
déconfiture se dit surtout de la ruine d'une entreprise ou d'une maison de commerce.

Confire a, en ancien français, le sens de « préparer ». Il le conserve dans la langue de la tannerie, où il se dit des peaux que l'on trempe dans certaines eaux.
Mais il s'est restreint aux aliments, et spécialement aux fruits.
Le participe
confit, devenu nom, se dit dans le Sud-Ouest en parlant de la viande conservée dans de la graisse. Mais on pense surtout à des fruits confits et au dérivé confiture.
Les sirops qui servent à faire confire les fruits sont aujourd'hui beaucoup plus sucrés qu'autrefois. Les confitures du XVIIIe siècle nous apparaîtraient sans saveur. Le sucre était alors un produit fort coûteux que l'on ménageait.

Le
confiseur du XVIIe siècle faisait confire des fruits et fabriquait des confitures. Mais son activité s'est restreinte à la fabrication des bonbons et des sucreries.

Bonbon apparaît au début du XVIIe siècle dans le journal que tenait Héroard, médecin du jeune Louis XIII. Avec son redoublement de bon le mot se dénonce comme un terme de la langue enfantine. Héroard dit du bonbon, comme s'il s'agissait d'un nom de matière (de la réglisse). Mais le mot est devenu un terme individuel.

Dragée est plus ancien que bonbon, puisqu'on le trouve dès le XIVe siècle. Il vient du pluriel grec tragemata, passé en latin, qui se disait de friandises. La dragée s'est maintenue de façon constante, car elle a été liée aux fêtes de la naissance et du baptême de l'enfant.

Comme pour les gâteaux, il serait fastidieux de passer en revue toutes les sortes de bonbons.
La
bergamote et le berlingot ont été empruntés à l'italien au XVIIe siècle. Le même siècle a vu la naissance de la praline, dénommée d'après le nom du maréchal du Plessis-Praslin, dont le cuisinier avait inventé ce bonbon.

Les métiers de
pâtissier et de confiseur ont varié au cours des siècles. Leur activité était trop liée aux changements des mœurs pour se maintenir semblable à ce qu'elle était à l'origine. La mode aidant, les produits ont été désignés par des créations nouvelles de vocabulaire ou par des emprunts aux langues étrangères. Le vocabulaire qui désigne les gâteaux et les bonbons est instable, en continuel changement, dont quelques mots seulement persistent à travers les siècles.
Comments

Pâtissier et Gâteaux

Le pâtissier est un commerçant qui fabrique et vend des gâteaux. Au Moyen-Âge, il fait des pâtes, comme l'indique son nom. « Pâtissier », en effet, se rattache, par un dérivé du latin vulgaire, pasticium, au mot pasta « pâte ». Le provençal pastitz et l'italien pasticcio ont le sens de « pâte ».

Le latin possédait plusieurs noms de gâteaux. Aucun n'a survécu en français. Le mot « 
gâteau » est d'origine germanique. Il vient du francique wastil.

Une sorte de gâteau a duré depuis le Moyen-Âge jusqu'au début du XXe siècle
: l'oublie, gâteau mince, roulé en cylindre ou en cornet (dans ce dernier cas, on l'appelait souvent plaisir).
Oublie a d'abord désigné l'hostie: son nom vient du latin (hostia) oblata « (l'hostie) offerte ». Puis le mot a perdu tout caractère religieux.
Le marchand d'oublies était appelé « 
oublieur ».
Les
oublieurs parcouraient les rues le soir avec une lanterne, et criaient leurs oublies. Ils fréquentaient aussi les promenades publiques, en portant sur le dos une grande boîte cylindrique en métal qu'ils posaient à terre quand des clients leur faisaient signe. Le couvercle de cette boîte était muni d'un cadran avec une aiguille que l'oublieur faisait tourner pour indiquer à combien d'oublies l'acheteur avait droit. Cette scène est décrite par Jean-Jacques Rousseau dans la neuvième des Rêveries d'un promeneur solitaire.

Il est impossible de nommer tous les gâteaux créés par l'imagination féconde des pâtissiers.
La
tarte se trouve dès le Moyen-Âge. Peut-Être son nom est il une altération de tourte, qui vient du latin torta: «gâteau rond ».

Le
macaron apparaît sous la plume de Rabelais (1552). Il vient de l'italien du nord macarone « quenelle », dérivé du grec makari « pâte d'orge » et « pâte de fromage ». Les macaronis, emprunté au pluriel du nom italien, ne sont pas des gâteaux aux amandes comme le macaron, mais une variété de pâte.

Le
petit-four fait son apparition au XVIIIe siècle. Son nom vient de l'expression « pièce de four », qui se disait d'un gâteau cuit au four.
À partir de 1774, les petits fours eurent tant de vogue, qu'ils donnèrent naissance à une nouvelle profession, celle de « pâtissier de petit-four » que Brillat-Savarin, dans une des « Méditations » de sa
Physiologie du goût (1825), décrit comme intermédiaire entre celle de pâtissier et celle de confiseur.

Le
baba a un nom polonais, que peut-être le roi de Pologne Stanislas Leczinski apporta en France en même temps que le gâteau.

Les noms de gâteaux se sont multipliés au XIXe et au XXe siècle, produits et dénommés par l'imagination féconde des pâtissiers. C'est ce qui explique le caractère anecdotique de beaucoup de ces désignations.
Un exemple
: celui du « Saint-honoré », créé en 1879 par le pâtissier parisien Chiboust, qui lui donna le nom de la rue où il exerçait.

Amis lecteurs, n’hésitez pas à compléter cette fiche.

Comments