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L’armistice : les embûches du 8 novembre 1918

L’incroyable périple du capitaine von Elldorf


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1. Le récit des préliminaires de l’armistice : du 3 novembre au 7 novembre 1918


2. L’incroyable périple du capitaine Von Elldorf pour repasser, le 8 novembre 1918, dans les lignes allemandes avec le texte de la convention d'Armistice qu'il devait rapporter à Spa. Ses quatre tentatives de passage de la ligne de feu.

Ce récit est fondé sur l'historique du 19° Bataillon de chasseurs à pied.




1. LES PRÉLIMINAIRES DE L’ARMISTICE


RAPPEL DE LA SITUATION


Le 1e novembre, la Turquie demande un armistice qui, immédiatement signé par les Alliés, entre en vigueur : passage libre jusqu’à la Mer Noire, occupation des ports des Dardanelles et du Bosphore, rapatriement de tous les prisonniers.

Le 2 novembre, l’Autriche signe un armistice avec l’Italie, qui agit en plein accord avec ses alliés. La dynastie des Habsbourg signe son arrêt de mort.


GUISE

Valenciennes s’est rendue et les Alliés ont conquis, le dimanche 3 novembre, un secteur qui s’étend de Fresnes, devant Condé, à Beaudignies, devant Le Quesnoy.

Les Alliés ont décidé d’avancer sur le front de l’Oise, sans retard.

C’est dans ce secteur que se trouvent le 19e B.C.P. et le 171e R.l. Le 19e a relevé le 88e R.I. dans la boucle de l’Oise, au nord de Guise. L’attaque doit avoir lieu le 4 novembre. Objectif : gagner l’Oise dans une zone continuellement mitraillée.

À cinquante kilomètres de là : la frontière belge.


Les bombardements sont d’une telle intensité qu’à Landrecies, le dimanche matin 3 novembre, le curé doit interrompre la messe et renvoyer tous ses fidèles à leurs caves.

Dans la vallée de l’Oise, le lundi 4 novembre, le 19e B.C.P. et le 171e R.I. attendent l’heure H, prévue pour 4 h 45. Le brouillard, presque constant dans la région en cette période de l’année, gêne les tirs des engins d’accompagnement.


Ce 4 novembre, à cinq heures du matin, dans un brouillard à couper au couteau, les premiers éléments de la 25e division anglaise (général Charles) entrent dans Landrecies.


LE QUESNOY



Le jour même où tombe Landrecies, Le Quesnoy, à vingt kilomètres de là, revit, cinq cents ans plus tard,
une scène digne du Moyen-Âge.

La citadelle de Vauban subit depuis dix-huit jours un bombardement incessant. Des tracts lancés par avion invitent la garnison allemande à se rendre.

Il est quatre heures de l’après-midi, ce lundi 4 novembre, quand la New-Zealand Rifle Brigade se présente devant la ville fortifiée. Les Allemands ripostent par un dur feu d’artillerie. Ils ont fait sauter tous les ponts, sauf un, celui de la porte Fauroeulx. Ils envoient des sapeurs pour le miner.


Trop tard : une brigade néo-zélandaise surgit, capture les feldgrau à l’instant où ils vont faire sauter leurs mines. Comment les Néo-Zélandais ont-ils bien pu faire pour pénétrer dans la ville en dépit de ses épais remparts ?


C’est le résultat de l'opération Ivanhoe, montée par le 4
e bataillon de la Rifle Brigade : elle consistait à prendre d’assaut avec des échelles, comme au Moyen-Âge, les remparts de la ville. Hélas ! Les échelles ont été incendiées par l’éclatement d’un obus juste avant l’assaut, toutes sauf une. Qu’importe ! Il n’y aura qu’un seul assaut ; il faudra que ce soit le bon.


Le tout jeune 2
ml lieutenant F.M. Evans fait dresser une échelle dans un angle du rempart de Vauban. Il veut être le premier à gravir les échelons. Ses hommes le rejoignent au faîte de la muraille, explorent avec lui le glacis, s’étonnent de ne pas rencontrer de résistance, puis ils découvrent la mitrailleuse qui aurait dû balayer le secteur et qui vient d’être abandonnée par ses servants pris de panique.


Il ne faudra qu’une heure pour que la ville entière soit aux mains des Néo-Zélandais.

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DU CÔTÉ DU HAUT COMMANDEMENT ALLEMAND


Le prince Max von Baden, chancelier allemand, envoie un télégraphe au président américain Thomas Woodrow Wilson. Son pays est prêt à négocier. Les Alliés exigent une reddition de l’empereur Guillaume II de Hohenzollern.

Le 5 novembre, le seul qui fasse encore la guerre est l’empereur Guillaume II.
Le bruit court qu’il a abdiqué, mais il veut sauver sa couronne, malgré l’opposition du Reichstag.













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DU CÔT
É FRANÇAIS

Six semaines auparavant, le maréchal Foch, prévoyant qu’il serait obligé de changer plusieurs fois de quartier général pour se rapprocher des armées en pleine offensive, avait demandé que lui fût aménagé un wagon-bureau qui servirait de G.Q.G. mobile.


Foch se tient prêt pour les premières négociations. La voiture 2 419 D est prête. On a supprimé les cuisines pour en faire le bureau des secrétaires, et la salle du restaurant a été séparée en deux parties inégales. L’une est un petit salon-bureau, l’autre, la plus grande, le cabinet de travail du maréchal.


Foch a à sa disposition ce wagon 2 419 D, que l’on pourra conduire dans n’importe quel lieu.

Le généralissime porte son choix sur le carrefour de Rethondes, à la lisière nord de la forêt de Compiègne. Il reste à déterminer le secteur où devront se présenter les parlementaires allemands.

De ce point du front où ils viendront au-devant des lignes françaises, il faut qu’ils puissent être acheminés rapidement à Rethondes. L’axe La Capelle-Chimay, dans le secteur de la I
re Armée française, est situé à mi-chemin entre Spa et Rethondes et, par Tergnier, la liaison ferroviaire peut se faire rapidement. C’est donc ce secteur qui sera choisi.

Mais à quelle date ?

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L’APPEL DE LA TOUR EIFFEL


Le mardi 5 novembre, à six heures du matin, le soldat Maurice Hacot est au centre radio-télégraphique de la Tour Eiffel. Soldat du 8e génie, il était avant-guerre électricien à Hazebrouck.

Un message en morse mais non chiffré vient d’être capté. Maurice Hacot lit :

« ALLO EIFFEL ? Allô Eiffel... Vous entendez ? Ici G.Q.G. allemand de Spa... Nous désirons entrer en relations avec vous en vue de pourparlers sur un éventuel armistice. »

L’appel est transmis immédiatement au ministère de la Guerre, et le gouvernement français alerte le président Wilson. Celui-ci notifie au gouvernement allemand que, «
s’il sollicite un armistice c’est le maréchal Foch qui aura à lui en faire connaître les conditions ».







PRÉLUDE À L’ARMISTICE

Pendant ce temps, les Anglais se sont rendus maîtres de toute la forêt de Mormal et ont pris Berlaimont. Le lendemain, Rethel et Vervins vont tomber.

Mercredi 6 novembre 1918 :

Au G.Q.G. allié, Foch a choisi le secteur où devront se présenter les plénipotentiaires allemands, il envoie une instruction précise au général commandant la 1re Armée :
« Commandant en chef des armées alliées Etat-Major général 1re section 3e bureau
« G.Q.G.A., le 6 novembre 1918
« Le maréchal Foch, commandant en chef des Armées Alliées à M. le général Debeney, commandant la 1re Armée française.
« Dans le cas où des parlementaires allemands seraient envoyés au Maréchal Foch, le Maréchal invitera le commandant allemand à présenter ses parlementaires sur l’axe Givet-Chimay, La Capelle, Guise, où ils franchiraient les lignes.

« A ce moment, qui lui sera indiqué, le général Debeney prendra ses dispositions en détachant, en temps utile, un officier de son état-major pour que ces parlementaires soient arrêtés et reçus convenablement dans une localité où l’on pourra au besoin les faire séjourner.

« Le général Debeney prendra personnellement et sans aucun retard connaissance de la qualité de leurs personnes et de l’objet de leur demande, il les fera connaître le plus rapidement possible au Maréchal.

« Signé : F. Foch. »



À Spa, le Kaiser est incapable de prendre une décision. La révolution gronde au Parlement de Berlin.

Sur le front, les Anglais, qui ont pris Marbaix, sont devant Bavai. Les Français de la 1re Armée ont dépassé Vervins. Ils ont pris Fontaine-lez-Vervins et se battent dans Thenailles.

Ce sont les éléments avancés de la 166
e D.I. qui tiennent ce secteur. Leur avant-garde se compose du 19e B.C.P. et du 1er bataillon du 171e R.I., placés tous deux sous les ordres du chef de bataillon Ducornez.

A 15 h 35, la 3
e compagnie du 171e, que commande le lieutenant Hengy, reçoit un ordre du capitaine Lhuillier, commandant le 1e bataillon du 171. Cet ordre donne un aperçu de la situation et précise que la direction de marche doit être : « Le chemin qui traverse l’inscription Buironfosse sur la carte au 1/80 000e. Direction générale : Est, pour aboutir à la corne sud de la forêt (il s’agit de la forêt du Nouvion) et, par la cote 204, gagner les lisières sud de La Capelle. »
Le mouvement s’accomplit. Un peu plus tard, le lieutenant Hengy reçoit du capitaine Lhuillier un nouvel ordre prescrivant :
«
Dans la nuit du 6 au 7, la 3e compagnie occupera l’emplacement suivant : sortie est de la forêt du Nouvion, à l’endroit dit La Capelle de Péry. Elle y relèvera la 13e compagnie du régiment. »


Dans la nuit, à Senlis, le commandant Riedinger, chef du 2e Bureau de l’état-major général allié, reçoit le message que l’on attendait des Allemands.


Transmis par le capitaine Le Carré, du ministère de la Guerre, ce message est arrivé par la voie des ondes. il a été capté par le poste militaire de la Tour Eiffel, il a suivi le même chemin jusqu’au G.Q.G. de Senlis.

« Le Haut Commandement allemand, sur l’ordre du gouvernement allemand, au Maréchal Foch.
« Le gouvernement allemand ayant été informé par les soins du Président des Etats-Unis que le maréchal Foch a reçu les pouvoirs de recevoir les représentants accrédités du gouvernement allemand et de leur communiquer les conditions de l’armistice, les plénipotentiaires suivants ont été nommés par lui :

Général d’infanterie von Gündell Secrétaire d’État Erzberger Ambassadeur Comte Oberndorff
Général von Winterfeldt
Capitaine de vaisseau Vanselow

« Les plénipotentiaires demandent qu’on leur communique par T.S.F. l’endroit où ils pourront se rencontrer avec le maréchal Foch. Ils se rendraient en auto avec leur personnel subalterne au lieu ainsi fixé. »

Le message comporte un post-scriptum assez surprenant :

« Le gouvernement allemand se féliciterait, dans l’intérêt de l’humanité, si l’arrivée de la délégation allemande sur le front des Alliés pouvait amener une suspension d’armes.
« Prière d’accuser réception. »



[Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, le texte était en allemand, en anglais et en français. ]

Le commandant va porter le message au général Weygand. Celui-ci lance, à 2 h 30 du matin, sur les ondes de la TSF :

« Le Maréchal Foch au Haut Commandement Allemand.
« Si les plénipotentiaires allemands désirent rencontrer le Maréchal Foch pour lui demander un armistice, ils se présenteront aux avant-postes français sur la route Chimay- Fourmies-La Capelle-Guise.
« Des ordres sont donnés pour les recevoir et les conduire au lieu fixé pour la rencontre. »

(Passé par le commandant Riedinger à 2 h 45, lancé par la Tour Eiffel à 2 h 30 et 3 h).

Quand le deuxième message, lancé en clair, s’envole de la Tour il est 3 heures du matin. A cette heure-là, la compagnie du 171 qui a relevé la 13e reçoit l’ordre suivant :

ORDRE D’OPÉRATION

« A partir de 6 h, continuation de l’offensive dans les mêmes conditions que la veille.
« Le régiment reste le régiment de droite de la division. »

Le même ordre précise ensuite l’objectif : La Capelle contourné par le nord sera attaqué par le 26e B.C.P., puis direction Fourmies.



Jeudi 7 novembre 1918 :


Il est un peu plus de sept heures quand arrive, à Buironfosse, le caporal-cycliste Abonnât, de l’état-major du régiment. Il se présente à l’adjudant de bataillon Michel :
« Je suis chargé de remettre un pli au capitaine Lhuillier, commandant le 1er bataillon du 171. »

Le capitaine Lhuillier est un jeune officier de 25 ans. Il donne immédiatement l’ordre de sécuriser le passage :

« 7 h 30. Route Nationale de La Capelle. 1 000 mètres ouest de la forêt du Nouvion.
« Capitaine Lhuillier, commandant 1
er Bataillon, à Commandant de la 3e compagnie :

            Signé : Lhuillier. »

            A l’état-major de la 1re Armée (Debeney) on a décidé de neutraliser les deux routes nationales de La Capelle à Hirson et de La Capelle à Avesnes, de façon à permettre le passage sur le chemin départemental qui se trouve entre ces deux voies importantes. Ce chemin départemental est appelé « chemin d’Haudroy ».



            Pendant ce temps,
            le 114e RI libère le village de LAROUILLIES.

            Entre-temps, le commandant de Bourbon-Busset, chef du 2e bureau de la 1re Armée, est arrivé à La Capelle, envoyé par le général Debeney pour accueillir les parlementaires allemands. Le commandant de Bourbon-Busset se fait conduire à l’ancienne Kommandantur, où le commandant Ducornez a établi son P.C. C’est une grande bâtisse de briques rouges, aux angles de pierre blanche, de style 1900 : la villa Pasques, du nom de son ancien propriétaire.


            La délégation allemande du commandant en chef, le maréchal Paul von Hindenburg, posté à Spa, en Belgique, est accompagnée jusqu'à la gare de Tergnier (Aisne) où elle monte dans un train pour la clairière de Rethondes à Compiègne (Oise), en pleine forêt. Le train du maréchal Ferdinand Foch les y attend.





            2. L’INCROYABLE PÉRIPLE DU CAPITAINE VON ELLDORF


            récit d’après le carnet de route du 19e Bataillon de Chasseurs à pied




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            L’APOTHÉOSE

            1. La Journée des Parlementaires (7 novembre 1918).
            2. L’Armistice (11 novembre 1918)

            Une division allemande était installée à Rocquigny. Les hostilités étaient suspendues depuis le début de l’après-midi. Dans le secteur La Flamengrie- Haudroy, figuraient au front : la 166e D.I., le 19e B.C.P., le 171e R.I., et le 26e B.C.P. en réserve.

            Au matin du 7, le général CARAUD a décidé que la marche de la 166e D. I. continuera en une seule colonne.

            Une avant-garde de division sous le commandement du commandant
            DUCORNEZ est formée, elle comprend :
            • un escadron divisionnaire (capitaine
            d’ETCHEGOYEN), le 19e bataillon de chasseurs, constitué en deux groupements :
            - Groupement
            CHAILLIOT (3 compagnies et 1 C. M.) ;
            - Groupement DECAUDAVENNE (2 compagnies et 1 C. M.) ;
            • un bataillon du 171e (capitaine LHUILLIER, encore adjudant-major du 19e quelques jours auparavant) ;

            1. un groupe d'artillerie (234e R. A. C.).

              « Les parlementaires allemands venant demander l’armistice se présenteront à partir de 8 heures à Buironfosse par la route de La Capelle. Prendre immédiatement toutes dispositions pour faciliter leur entrée dans les lignes françaises. »

              Telle est la communication.


              Certes la victoire est acquise, certes la retraite des Allemands est de celles qui marquent le désastre et l’écroulement d’une armée, néanmoins c’est un coup de foudre, et rien ne peut rendre à la fois l’émotion, la joie, la stupeur d’un pareil moment.
              Il
              y a des secrets qui ne se peuvent pas garder. Bientôt, avec la rapidité de l’éclair, tout le monde a compris, tout le monde a deviné. Les visages s'illuminent, resplendissants de joie et d’orgueil.
              Les avis nécessaires sont envoyés aux commandants des bataillons qui continuent leur mouvement.

              À la fin de la matinée, le groupement CHAILLIOT est échelonné entre la Cense aux Lièvres et le Routier par le sud de La Flamengrie, ses éléments de tête, de la Cense aux Lièvres jusque vers la cote
              232 (nord-ouest de La Capelle) ; le bataillon LHUILLIER tient la ligne de la cote 232 au bois Nul s’y frotte.

              Le commandant est au passage à niveau au nord-ouest du Dernier Sou ; un cavalier envoyé par le capitaine CHAILLIOT arrive au galop, avec une note disant : « 
              Des parlementaires ennemis viennent de se présenter. » C’est tout.

              Le commandant rentré dans La Capelle, il voit LHUILLIER à la sortie nord, qui lui apprend l’incident suivant. Des
              officiers allemands se sont avancés au-devant de ses hommes, et ont déclaré : « L’armistice est signé (sic). Nous restons sur nos positions, et si vous n’avancez pas, nous ne vous ferons aucun mal, mais si vous voulez continuer votre mouvement, nous combattrons. » LHUILLIER signale aussi des tentatives de fraternisation.


              Le commandant donne l’ordre de suspendre tout mouvement, de s’opposer aux tentatives de fraternisation et de faire prisonniers les Boches qui s’y livreront, puis il rend compte au général de division et demande des instructions.
              Rentrant alors dans La Capelle, il aperçoit une auto aux couleurs de l’armée.

              Le chauffeur lui apprend que la mission envoyée par la 1re armée pour recevoir les parlementaires est arrivée ; le commandant s’y fait conduire, il la trouve à la villa Pâques, à la sortie de La Capelle par la route d’Hirson, avec le commandant de BOURBON-BUSSET, chef du 2° Bureau de la 1e Armée - Responsable du Renseignement.

              On décide de s’en tenir à la ligne de conduite adoptée ; l’itinéraire à suivre par les parlementaires leur a été fixé par le maréchal FOCH, et il importe d’éviter tout incident.

              Le commandant de BOURBON-BUSSET met une auto à la disposition du commandant DUCORNEZ.
              À 13 heures, le commandant DUCORNEZ rentre à son P. C. qui s'est installé à la sortie nord-ouest de La Capelle. Son poste de T. S. F. lui communique un message radio prescrivant une suspension d’armes de 13 heures à minuit.


              Au début de l’après-midi, un officier et cinq Boches se présentent à la compagnie pour fraterniser ; nous les faisons prisonniers et les envoyons à l’arrière, l'officier boche déclare qu’il croyait la guerre finie et qu’il venait pour dire bonjour aux camarades français, il paraît très surpris de ce qui lui arrive.


              Vers 15 heures, deux cavaliers boches viennent en parlementaires à la cote
              232, munis d’un brassard blanc ; l’officier se présente au capitaine LHUILLIER. Il est jeune, loquace, aimable et paraît tout aussi heureux du rôle qu’il a à jouer qu'inconscient de la signification de ce rôle pour son armée. C’est le lieutenant de chasseurs à cheval VON JACOBI ; il est envoyé par le général (commandant une division allemande) installé à Rocquigny pour prévenir de l’arrivée de la mission allemande vers 16 heures par la route d’Haudroy.

              VON JACOBI annonce que les plénipotentiaires allemands se présenteront dans la soirée, afin de négocier la paix, sans toutefois pouvoir préciser l’heure ; en effet, les routes sont en mauvais état et minées.
              Le véhicule qui les amènera ne peut estimer de sa rapidité à couvrir la distance. Le Lieutenant VON JACOBI ne se considère pas comme prisonnier. Il ne traverse pas les lignes françaises. En retour, un message écrit est donné au lieutenant allemand, lequel lit et comprend parfaitement le français. On lui donne l’ordre d’attendre, en compagnie du Lieutenant HENGY, l’arrivée des plénipotentiaires. Il exécute cet ordre et attend.


              Le commandant DUCORNEZ
              se rend auprès du commandant de BOURBON-BUSSET, et toute la mission française, en auto, part pour la cote 232 ; voitures et personnel s’arrêtent à quelques centaines de mètres avant le carrefour ; le commandant DUCORNEZ, accompagné du lieutenant de KERARMEL, officier de renseignements, se rend au carrefour avec le commandant de BOURBON-BUSSET ; le capitaine LHUILLIER les y rejoint. Il est accompagné du clairon Pierre SEILLIER.

              Certaines questions sont réglées ; par ordre, les parlementaires n’auront pas les yeux bandés.


              De temps en temps passent, venant de Haudroy et rentrant dans nos lignes, des gens qui le plus souvent chantent et manifestent la joie la plus exubérante.

              Ce sont des habitants de la région déjà traversée, d’abord emmenés ou évacués par l’ennemi et auxquels celui-ci vient de rendre la liberté.


              Par eux nous savons ce qui se passe dans les lignes boches et le grand émoi qui règne devant nous. C’est, de ce côté-là, du délire ; les soldats ennemis manifestent, brisent leurs armes, déclarent que la guerre est finie et tentent de fraterniser avec les habitants.
              L’heure s’avance, la nuit vient, la pluie tombe, et ni parlementaires ni nouvelles.


              Le commandant DUCORNEZ ne veut pas envoyer de parlementaires à l'ennemi, il est 18 h 30, il fait tout à fait noir.

              Le commandant de BOURBON-BUSSET rentre
              à la villa Pâques avec la mission. Le commandant DUCORNEZ laisse un cavalier auprès du capitaine LHUILLIER et prend ses dispositions pour être prévenu dès que les parlementaires seront signalés ; il viendra les recevoir et les conduira à la mission ; puis il rentre à son P. C.

              Pendant ce temps, le poste de commandement de la 3e compagnie a été installé dans la ferme qui se trouve encore actuellement tout à proximité de la Pierre d’Haudroy.

              À vingt heures dix, le Caporal SANDOZ vient rendre compte au poste de commandement que l’on aperçoit sur la route de Rocquigny les phares d’une voiture automobile. On aperçoit bientôt un immense drapeau blanc largement déployé sur le véhicule. C’est une grande nappe blanche qui a été réquisitionnée à Fourmies par le trompette allemand ZOBROWSKI, du 2e régiment de Ulhans,
              qui se trouve sur le marchepied. Le Capitaine LHUILLIER, à la tête d’un détachement d’officiers, dont le Lieutenant NABAL, le Lieutenant HENGY et le médecin auxiliaire ARTHAUD, fait stopper les véhicules, au nombre de cinq. De la première voiture descendent le Lieutenant VON JACOBI, un trompette, un porte-fanion, et le Commandant de l’arrière-garde. Dans les trois suivantes, se trouvent les membres de la délégation que l’Allemagne avait envoyée pour entendre les conditions de l’armistice que celle-ci voulait négocier. Le Lieutenant VON JACOBI présente alors le Général VON WINTERFELD à la délégation française. Celui-ci présente ses excuses pour le retard de la délégation : les routes sont difficiles ! Il veut faire les présentations des membres de la délégation.

              A 20 h 20, le Capitaine LHUILLIER intervient, appelle le Caporal-clairon SELLIER auquel il donne l’ordre de sonner le « cessez-le-feu » qui ne durera que jusqu’à minuit, suivi du « Garde à vous ». Les sonneries terminées, le convoi s’ébranle alors en direction de La Capelle. Pierre François SEILLIER, qui a pris la place du trompette ZOBROWSKI, enchaînera d’autres refrains militaires debout sur le marchepied de la voiture allemande.

              À 20 h 30, le planton signale tout à coup la sonnerie du clairon ; le commandant part aussitôt en auto et déjà le cavalier de LHUILLIER arrive à plein galop.

              À la sortie de La Capelle, l’auto du commandant, que
              LHUILLIER amène, se trouve devant les autos allemandes, tous phares allumés, avec un immense drapeau blanc largement déployé, et qui s’arrêtent.

              Quelques personnes en descendent. Après de courtes présentations, on autorise le lieutenant VON JACOBI à regagner ses lignes.

              Grand, digne et correct, le général
              VON WINTERFELD, l’arrogant attaché d’avant-guerre, se présente ; le commandant se présente : « commandant DUCORNEZ, commandant les avant-postes français ».

              Le général s’excuse d’arriver avec un tel retard, il s’exprime en français avec une parfaite aisance. Le commandant s'excuse de n’avoir pu attendre en raison de l’incertitude de l’heure de l’arrivée.
              Le général est élégamment vêtu, il porte une luxueuse pelisse et est coiffé de la casquette ; une ou deux décorations seulement. Les autres officiers allemands sont dans la même tenue.

              Parmi
              les civils, Mathias ERZBERGER, plutôt court, légère tendance à l’obésité, teint coloré, toujours en mouvement, presque fringant, presque souriant, paraît totalement étranger à ce qui se passe autour de lui ; on dirait un voyageur à qui une courte panne d’auto permet de se dégourdir les jambes pendant quelques minutes.

              Quelques très rapides présentations, car le commandant explique de suite au général qu'il va le conduire à la mission chargée de le raccompagner dans son voyage au G. Q. G., puis il le prie de remonter en voiture et de le suivre.

              Cela ne se fait pas sans peine : malgré la brièveté de la scène, la foule est accourue, énorme, foule de soldats et d’habitants qui ont passé la journée dans une attente fiévreuse ; les phares allemands illuminent la scène de flots de lumière crue auxquels nos yeux ne sont plus habitués ; depuis si longtemps on évite toute lumière au voisinage du front.

              Le cortège s’ébranle enfin, l’auto du commandant en tête, et gagne la villa Pâques, non sans un crochet dans les rues de La Capelle dû à une erreur de direction.

              À la villa Pâques, nouvelles présentations au commandant de BOURBON-BUSSET ; dans le salon brillamment éclairé de la villa, la scène a vraiment cette fois un air de grandeur.

              Devant la division
              à notre droite des officiers allemands ont fait connaître qu'ils avaient ordre « la suspension d'armes jusqu’au 8 à 6 heures » et ils sont venus demander confirmation ; le commandant de BOURBON-BUSSET pose à ce sujet une question au général VON WINTERFELD ; le commandant DUCORNEZ intervient et fait connaître le radio prescrivant l'heure de minuit ; le général von WINTERFELD accepte sans discuter.

              Peu après, la file d’autos françaises emportant les deux missions s’ébranle par Buironfosse vers Homblières 
              au Quartier Général du Général DEBENEY, Commandant la 1re armée ; les luxueuses autos allemandes avec leurs chauffeurs sont laissées sous bonne garde à La Capelle.

              Le commandant DUCORNEZ reconduit jusqu’à l’extrémité des lignes françaises le lieutenant VON JACOBI et l’escorte allemande, dans leurs autos. En se séparant, VON JACOBI, toujours souriant et empressé, dit : « 
              J’espère maintenant que nous aurons bientôt la paix. » Le commandant répond par une vague banalité : « La paix est un bienfait des dieux. »

              Le commandant rentre à son P. C., il est 22 h 30 ; il y trouve un radio prolongeant la suspension d’armes jusqu’à 6 heures ; avis en est aussitôt donné en ligne.

              Au matin du 8 novembre (après 6 heures) la marche en avant reprend ; bientôt tout le front ennemi s’allume du feu de ses mitrailleuses, et il réagit par son artillerie ; à 7 heures la sortie nord-est de La Capelle, vers la cote 232, est violemment bombardée.

              À droite, le bataillon
              LHUILLIER ne pourra, de la journée, dépasser les bois à l’est de La Capelle.

              À gauche, le groupement CHAILLIOT marche sur Haudroy ; à l’entrée d’Haudroy, CHAILLIOT avec sa liaison, accompagné du médecin et de ses infirmiers, se trouve brusquement en présence d’un groupe ennemi très supérieur en nombre.

              Il n’y a qu’un moyen de s’en tirer : payer d’audace.
              Instantanément, furieusement,
              CHAILLIOT et tout son groupe chargent ; le docteur lui-même, le fougueux CHIOSELLI, un fusil en main, fait des prodiges ; l’ennemi, décontenancé, recule.

              Les cavaliers de l’avant-garde enlèvent un poste de sept hommes commandé par un sous-officier. D’autres prisonniers sont faits en divers points (en tout trois officiers et une soixantaine d'hommes), Haudroy est assez rapidement à nous, mais la réaction de l’ennemi s’accentue et nous ne pouvons dépasser sensiblement le village.

              C’est à Haudroy, le 8 novembre, que le 19e a ses dernières victimes de la guerre : le lieutenant
              Moulin, commandant la 5e compagnie, le fourrier REIFFSTECK, les chasseurs GAUTARD, LEBLOND, UBERQUOI, de la 5e compagnie, le chasseur WILLAY, de la 1re compagnie, tués ou blessés mortellement.

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              PREMIÈRE TENTATIVE


              À 16 heures, nouvelle suspension d’armes pour permettre le passage d’un plénipotentiaire portant au G.Q.G. allemand nos conditions d’armistice.

              À 19 h 30, le commandant de BOURBON-BUSSET, accompagnant en auto le capitaine von ELLDORF, se présente au P. C. DUCORNEZ ; le lieutenant DE KERARMEL et le clairon Roux partent avec eux. Les voitures s’avancent phares allumés (deux allemandes et une française).

              Au passage à la cote 232 LHUILLIER prévient que, malgré la suspension d’armes, une mitrailleuse boche tire toujours vers Haudroy.

              Le clairon sonne, la voiture s’avance lentement, le clairon sonne toujours, mais toujours aussi la mitrailleuse tire.

              À Haudroy un grand entonnoir barre la route, et des chasseurs préviennent de prendre garde au carrefour de Clairefontaine, battu par la mitrailleuse.

              Le commandant de Bourbon paraît furieux, et von ELLDORF assez mal à l’aise.
              De BOURBON,
              DE KERARMEL et von ELLDORF, à pied devant les autos qui les ont rejoints, et éclairés par les phares, atteignent le carrefour où une rafale les salue ; BOURBON et de KERARMEL passent, von ELLDORF s’arrête à l'abri d’une maison.

              De Kerarmel retourne en arrière, prend le drapeau blanc parlementaire, et accompagné du clairon sonnant sans interruption, lui-même agitant son drapeau, se reporte en avant, suivi de von ELLDORF ; au carrefour, nouvelle rafale, deux balles dans le drapeau.

              Et toujours le clairon sonne, et toujours la mitrailleuse tire.

              Voici nos avant-postes, le lieutenant Chambon se présente pour guider le groupe jusqu’au poste ennemi le plus proche dont l’emplacement a été reconnu en fin de journée. C’est sur la route de Rocquigny, il n’y a plus de poste. Une maison ! À l’appel, les habitants effrayés sortent de leur cave où les Boches les ont fait descendre deux heures auparavant ; ils ne savent rien.
              La mitrailleuse tire toujours et se déplace.

              Von ELLDORF crie en allemand : « Y a-t-il un soldat allemand ici ? Je suis un officier de la délégation de l’armistice. Je demande une réponse. » Il renouvelle plusieurs fois son appel, seule la mitrailleuse répond.
              Au carrefour de Bas-Bugny,
              de KERARMEL frappe à une porte, aussitôt une vingtaine de personnes, hommes, femmes et enfants, sortent. Explosion d’enthousiasme, cris :

              « Les Français, voilà les Français, vive la France ! » Embrassements.

              Le commandant de Bourbon, qui s'impatiente, veut prendre congé : « Au revoir, nous reviendrons » ; les mains se tendent, et dans son désarroi von ELLDORF lui aussi serre les mains, répétant machinalement : « Oui ! Au revoir ! Oui ! Je… je… reviendrai. »

              Le clairon sonne, la mitrailleuse tire, partout de formidables explosions, le rouge des incendies ensanglante la nuit.

              Tout à coup, à quelques centaines de mètres en avant du groupe, un obus, puis deux, puis trois ; bientôt il n’y a plus de doute, c’est sur la route un barrage en avant des autos aux phares allumés.

              Les Boches ne veulent donc plus de leur parlementaire, le commandant de Bourbon décide de rentrer dans nos lignes, il repasse à La Capelle à 22 h 30.

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              DEUXIEME TENTATIVE

              À minuit, coup de téléphone, il faut faire une nouvelle tentative ; à minuit 30 le commandant de Bourbon et von ELLDORF arrivent au P. C. ; de KERARMEL et le clairon Roux repartent avec eux.

              À partir du point où ils s’étaient arrêtés la première fois, le commandant de Bourbon, de KERARMEL et le clairon descendent de voiture et continuent à pied. Toujours de fortes explosions — il s’agit sans doute des ponts que les Allemands font sauter plus au nord — , mais plus de mitrailleuse ni d’artillerie. Le clairon sonne.

              À Rocquigny, au premier coup de clairon, tous les habitants sont sur la place et la scène émouvante de Bas-Bugny se renouvelle. Indifférent dans sa voiture, von ELLDORF reçoit les injures de la foule.

              Depuis une heure tous les ponts ont sauté, il faut encore faire demi-tour ; retour à La Capelle à 3 heures.



              TROISIEME TENTATIVE

              À
              4 heures, nouveau coup de téléphone, ordre de passer von ELLDORF coûte que coûte. Le commandant DE BOURBON repasse au P.C. du commandant DUCORNEZ et repart, cette fois, par le Gravier de Chimay et Wignehies.

              À Wignehies, renouvellement des scènes de Rocquigny, et aussi même résultat ; tous les ponts sont coupés, le groupe du commandant De Bourbon fait demi-tour une troisième fois.

              Mais la suspension d'armes prenait fin à 4 heures ; le 9, à 6 heures du matin, la division reprend sa marche.

              Le bataillon du 19e BCP pénètre à Wignehies, puis entre à Fournies. Il est impossible de décrire l'accueil chaleureux, l'enthousiasme délirant des populations ; jamais nos chasseurs n’ont été autant embrassés.

              Fourmies est pavoisée. La municipalité est sur la place de l'Hôtel de Ville ; toute la ville est autour d'elle ; CHAILLIOT, le premier officier français qui se présente, est acclamé et couvert de fleurs.

              l'issue de cette tentative, le commandant DE BOURBON s'en retourne avec le Capitaine VON ELDORFF, probablement comme pour les autres tentatives, à Homblières (PC du Général DEBENEY) ou à Buironfosse (PC de la 166° Division).]

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              QUATRIEME TENTATIVE


              Il est 11 heures, le commandant
              DUCORNEZ quitte Wignehies où il vient de faire un arrêt assez long ; le colonel GARÇON arrive, suivi de VON ELLDORF.


              [ Le Colonel GARÇON a remplacé le Commandant DE BOURBON pour raccompagner VON ELLDORF à Fourmies pour la quatrième tentative. C'est le Capitaine LE LAY de l'Etat-Major de la 166° DI qui accompagnera VON ELLDORF pour la dernière tentative. Le capitaine LE LAY et VON ELLDORF franchiront les lignes, accompagnés par le clairon Georges Labroche du 19ème BCP, originaire de Chaligny, et non avec le clairon Philippe Roux. L'entreprise est périlleuse, car le cessez-le-feu est terminé.
              Aucune indication sur le rôle du Lieutenant DE KERARMEL et du clairon ROUX sur cet essai. Ils étaient probablement présents. ]

              Il faut faire passer von ELLDORF à tout prix ; si les avant-postes allemands refusent encore de le recevoir, un avion est prêt, et il partira par la voie des airs.

              [
              À Tergnier, un Breguet XIV était prêt. Il servira le 11 Novembre pour accompagner à Spa le Capitaine Geyer, porteur de la convention d'Armistice signée. ]

              Les pionniers du 19e s’attellent aux autos et les roulent à travers les prés ; l’itinéraire de
              von ELLDORF est par GIageon et Trélon, mais c’est le front d’une autre division, on ne sait si elle est prévenue ; d’ailleurs on apprendra bientôt que la route Fourmies-Glageon a ses ponts coupés. Le commandant prescrit donc à von ELLDORF de suivre la route d’Ohain que déjà sa pointe de cavalerie vient d’atteindre et de dépasser.

              Quelques heures plus tard, l’officier français de la 166
              e division, qui a cette fois accompagné Von ELLDORF, rentrera dans nos lignes et nous apprendra que VON ELLDORF a enfin été reçu avec les honneurs militaires par une compagnie allemande au sud de Wallers-Trélon.

              Au soir du 9, nous atteignons la frontière belge et nous prenons les avant-postes
              à l'est de Pont-Baudet ; les éléments de droite de la D. I. sont à Momignies (Belgique).

              Pour nous la guerre s’achève par la libération complète du territoire français.

              Le 10, la division continue sa marche sur Chimay, mais le bataillon, devenu réserve de division, cantonne à Ohain ; c’est là que le lendemain à 11 heures nous entendrons le dernier coup de canon de la guerre. C’est l’armistice.

              Dans l’après-midi du 11, nous redescendons à Fourmies.

              Le 12, sur la place de Fourmies, première revue française. Le général
              Cabaud, accompagné du colonel Garçon, passe le 19e en revue et remet des palmes à son fanion, en même temps que la croix d’officier de la Légion d’honneur au commandant DUCORNEZ.

              Après la revue, laissant à Fourmies pour le service de garde les 1re et
              3e compagnies, le bataillon va cantonner aux Haies-de-Trélon.






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              11 novembre

              5h20 : l’armistice est signé. Il doit prendre effet à 11h.

              10h55 : le soldat Augustin Trébuchon, du 415e régiment d'infanterie, est tué sur les bords de la Meuse. C'est probablement le dernier mort français sur le front occidental.

              11h00 : au même endroit, le soldat Octave Delaluque, clairon également au 415e régiment d'infanterie, sonne les treize notes du cessez-le-feu. De la mer du Nord à Verdun, clairons alliés et bugles allemands relaient la sonnerie tant attendue. Peu à peu, les soldats, encore abasourdis, sortent des tranchées.


              Scènes de Liesse

              Dans les 36 000 communes françaises, du moins dans celles qui n'ont pas été détruites par les combats, les cloches sonnent à toute volée. Les centaines de milliers de veuves et d'orphelins ne participent pourtant pas à cette liesse.



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              Dans les capitales alliées, les civils envahissent les rues en liesse. Piccadilly Circus à Londres, la 5e avenue à New York, la piazza Venezia à Rome sont noirs de monde.




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              A Saint-Nazaire, à Brest, au Havre, les fantassins américains récemment débarqués défilent sous leurs drapeaux et attendent le moment de repartir.
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              «Coup de poignard dans le dos»
              En Allemagne, dont le sol est resté inviolé durant tout le conflit, le soulagement s'accompagne pour beaucoup d'un sentiment d'humiliation.
              Les généraux allemands Erich Ludendorff et Paul von Hindenburg attribuent la défaite militaire à un "coup de poignard dans le dos" de politiciens et de "bourgeois cosmopolites".

              L'expression sera reprise par les partis ultranationalistes, dont le parti nazi.


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              SOURCES :

              Carnet de route du 19e Bataillon des chasseurs à pied

              14-18, les Chemins de l’armistice, François Debergh et André Gaillard , Editions France Empire, 1968, 336 pages.

              7 novembre 1918 - L'arrivée des parlementaires allemands devant le front occupé par le 171e RI — Documents recueillis et publiés par Lucien Laiss, président de l'association amicale des anciens militaires des 171e et 371 e R.I. Préface du général Debeney. Editions B. Arthaud. Grenoble. 1938.
              .
              Le sommaire est le suivant :
              - Préface du général Debeney ;
              - Introduction
              - Historique du 171e RI ;
              - Chef de corps du 171e RI ;
              - Ordre de bataille du 1er bataillon ;
              - Historique des événements des 6 et 7 novembre 1918 ;
              - Précisions complémentaires ;
              - Adieux du lieutenant-colonel Marquet ;
              - Relevé des citations du régiment ;
              - Chanson du régiment ;
              - L'homme qui éteignit la guerre mondiale (version allemande de la journée du 7 novembre 1918)
              - L'agression du 2 août 1914.



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