rendez-vous de Samarcande
#1
Bonjour. Dans quel texte littéraire français peut-on trouver "le rendez-vous de Samarcande" ? C'est un récit fantastique, mais je n'en sais pas plus. Merci.
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#2
Bonjour Tom,
Le rendez-vous de Samarcande est l’histoire du rendez-vous inéluctable avec la mort, que l’on ne peut pas fuir.
C'est une histoire qui court le monde oriental depuis des siècles. Elle se trouve dans le Talmud, mais elle est peut-être encore plus ancienne. Parmi les nombreuses adaptations qui en ont été faites, on peut lire "L'annonciateur", un des Contes cruels de Villiers de l'Isle-Adam, où le roi n'est nul autre que Salomon. Villiers l'a sans doute trouvée dans le "Dictionnaire infernal" de Collin de Plancy (une sorte d'inventaire des diableries dans le folklore et la littérature, écrit au XIXème; réimprimé chez Slatkine). Il doit y avoir de plus amples renseignements dans le riche appareil critique de l'œuvre de Villiers en Pléiade (tome 1).

En voici une version dans un conte ouzbek :

Le Roi, le Prince et la Mort
Il était une fois, à Boukhara, un vieux roi qui avait une fille : Tara. Celle-ci avait choisi Nizam, un jeune prince qui ne rêvait que d'entendre de sa bouche que les regards qu'elle lui adressait signifiaient bien qu'il était son élu. Nizam alla au marché afin d'y acheter des étoffes à déposer aux pieds de Tara pour lui déclarer sa flamme.
Devant un étalage, il se fit bousculer par une vieille dame effrayante, une dame que l'on ne rencontre qu'une fois, avant qu'elle nous emporte, pour nous prévenir de sa venue... Nizam voulut la supplier, mais la vieille femme eut tôt fait de disparaître.
Bouleversé, Nizam courut chez le vieux roi qui lui offrit ses meilleurs chevaux pour l'aider à fuir Boukhara. Oubliant sa fatigue, il galopa jusqu'à Samarcande où il tomba de sommeil, hanté par le visage qu'il fuyait.
Dans son palais, le vieux roi convoqua la Mort :
- Dis-moi, pourquoi as-tu effrayé mon jeune ami Nizam ? C'est moi que tu devrais bientôt épouser !
- Non, c'est bien à Nizam que j'ai donné rendez-vous.
- Le Ciel soit loué, alors: il s'est enfui loin de toi, loin de Boukhara !
- Mais ce n'est pas ici que je lui ai donné rendez-vous, répondit la vieille femme au regard vide.
 ... C'est à Samarcande.

Bon travail !
Noli dei pueros putare pro feris anatibus ! (Michel Audiard)
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