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Bibliographie sur la ville de Prague


Histoire


Bernard Michel, Histoire de Prague, Fayard, 1998. Considéré comme le plus grand connaisseur de l’histoire tchèque et tchécoslovaque en France, Bernard Michel retrace ici l’histoire de l’une des capitales intellectuelles de l’Europe centrale.


Jan Kaplan & Krystyna Nosarzewska, Prague: un siècle turbulent, Könemann, 1997. Grâce à l’étude de photographies, d’anciens documents et clichés, d’annonces publicitaires, d’albums de photos et d’autres souvenirs, ce livre raconte l’histoire culturelle et politique de la ville entre 1900 et 1989.


Angelo Mario Ripellino, Praga magica: voyage initiatique à Prague, Pocket Terre humaine, 2005. Livre baroque sur Prague, ville labyrinthe et carrefour de l’Europe, résidence au XVIe siècle du roi de Bohême et de Hongrie, Maître de l’Autriche et empereur romain, témoignage d’un illustre passé et d’une résistance souterraine à l’oppression, cet essai d’anthropologie culturelle tient du voyage initiatique. Dans cette capitale mythique de l’Europe centrale se côtoient et s’interpénètrent trois courants de pensée: tchèque, allemand et juif hassidique. Traduction de l’italien par Jacques Michaut-Paterno.


A. Quelques visions de la Prague éternelle



Catherine Sauvat, Prague: vision de mille ans d’architecture, Hermé 2005. Le livre présente les grandes périodes de l’architecture de la ville, les monuments et les façades de maisons ainsi que l’histoire personnelle des propriétaires. Photographies de Hervé Champollion.


Philippe Bénet & Renata Holzbachova, Châteaux de Bohême, ACR, 2005.
Quelques dizaines de châteaux sur les 2000 que compte la République tchèque sont présentées dans cet ouvrage. Leur décoration intérieure offre un panorama de l’art gothique, renaissant, baroque, Art nouveau ou cubiste.


Maketa Theinhardt & Pascal Varejka, Prague imprévu, Flammarion, 1997.
Pavel Stecha a photographié une centaine d’intérieurs praguois
: publics ou privés, lieux intimes et méconnus, les époques gothique et baroque côtoient l’Art nouveau, le cubisme ou le fonctionnalisme.


Anne Hebler Michaela Brozova & Chantal Scaler, Prague: passages et galeries, Norma — Institut français d’architecture, 1993
Photographies contemporaines
: Rudolf Duda, Petr Zhor & Pavel Stecha.


Littérature


Le Goût de Prague, Mercure de France, 2003. « Prague, ce centre dramatique et douloureux du destin occidental, s’éloigne lentement dans les brumes de l’Europe de l’Est à laquelle elle n’a jamais appartenu. Elle, première ville universitaire à l’est du Rhin, scène au XVe siècle de la première grande révolution européenne, berceau de la Réforme, ville qui a fait éclater la guerre de Trente Ans, capitale du baroque et de ses folies, elle qui, en 1968, a vainement essayé d’occidentaliser le socialisme importé du froid. L’image de l’Atlantide me vient à l’esprit. » Édifiant bilan que celui dressé par Milan Kundera, en 1980.
C’est de cette Prague insaisissable que nous parlent les écrivains réunis ici
: Jan Neruda, Leo Perutz, Max Brod, Franz Kafka, Vitezslav Nezval, Ivan Klima, Bohumil Hrabal…


Prague cité magique, Critique n° 147, Minuit, 1987. Devetsil: l’avant-garde tchèque, Chveik, ange de l’absurde, Kafka et Prague, L’Ascèse démiurgique de Ladislas Klima, La Musique tchèque ou la perpétuation des racines, sont quelques exemples du sommaire de ce numéro de revue consacré à Prague.


Images de la Bohême dans les lettres françaises: réciprocité culturelle des Français, Tchèques et Slovaques, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2004.

Petr Kral, Prague, Champ Vallon, 2000.
Petr Kral (né en 1941) restitue le charme mystérieux et tragique de ce haut carrefour du baroque et du totalitarisme, lieu de désillusions d’un système, métropole légendaire de laquelle on ne peut détacher le fantôme de Kafka et les dramatiques événements de 1968.



B. Prague à l’âge d’or de la Bohême: 1500-1620


Époque d’accumulation d’étranges trésors, le fameux cabinet des curiosités de Rodolphe, qu’il faudra trois siècles de pillages pour épuiser. La peinture d’Arcimboldo, l’un des peintres de la cour, rend bien compte de l’esprit qui y régnait
: astrologie, magie, alchimie et son étonnante hybridation avec la florissante tradition juive qui donna naissance à l’un des plus fameux mythes praguois courant au moins jusqu’à 1945, la création du Golem par un rabbin génial. Tout ceci devait se terminer dans un bain de sang, en 1620, lorsque les troupes tchèques furent défaites par les Autrichiens, près de Prague, lors de la tristement fameuse bataille de la Montagne blanche. Répression, pillages ouvrirent la période suivante où le centre de l’Europe se déplaça…


Littérature

Jacques Kraemer, Le Golem (théâtre) Ed. des Quatre-Vents, 1999.
« 
Au XVIe siècle, à Prague, un rabbi kabbaliste crée à partir d’une masse d’argile un géant à forme humaine, un Golem. Pour lui insuffler la vie, il lui grave sur le front le mot « vérité », en hébreu: emet. Le Golem accomplit sa mission, protéger la communauté juive du pogrom qui la menace, puis se révolte contre son créateur. Pour le détruire, le rabbi ôtera le aleph initial, transformant ainsi le mot « vérité » en « mort », qui s’écrit met. De cette légende, romans, films, œuvres théâtrales ont donné de nombreuses variantes… À mon tour, j’ai entrepris d’écrire une pièce de théâtre, mais j’ai fait un Golem à ma mesure. Bien sûr, je n’ai fait qu’effleurer les grandes questions métaphysiques… mais les thèmes de la légende sont évoqués: le rapport créateur-créature, la tendance démiurgique de l’artiste, les effets malfaisants de l’intention bienveillante… » Jacques Kraemer.

Gustav Meyrink, L’Ange à la fenêtre d’Occident, Flammarion, 2005.
L’Ange à la fenêtre d’Occident (1927), l’ultime roman de Gustav Meyrink (1868-1932), est l’histoire fascinante de John Dee, célèbre alchimiste du XVIe siècle, relatée à travers les fragments de son journal, que le baron Müller, un lointain descendant, a reçu en héritage. De l’Autriche du XXe siècle à l’Angleterre de la reine Élisabeth, en passant par la Prague du Rabbi Löw, droit venu du Golem, les repères peu à peu vacillent, et l’on voyage, de la table de travail de Müller au cachot où l’alchimiste, accusé de sorcellerie, est retenu prisonnier… Placé sous l’auspice du culte de la « putain du diable » Isaïs la Noire, figure de la tentatrice, ce roman est sans doute l’un des plus sensuels de Meyrink. Traduction de l’allemand par Jean-Jacques Pollet.

Leo Perutz, La Nuit sous le pont de pierre, Fayard, 1987.
Lorsqu’au cœur de la nuit, sous le pont de pierre de la Moldau, la fleur du romarin se blottit contre la rose rouge, au château de Prague, la belle épouse du juif Mordechai Meisl s’endort dans les bras de l’empereur. Elle ne sait comment elle est venue là, il ne sait qui l’a amenée
: un charme plus puissant que toutes les puissances de ce monde les retient prisonniers… Dans son « roman de Prague », Leo Perutz (1884-1957) ressuscite la capitale de la Bohême et du Saint Empire au début du XVIIe siècle, ville double où, à l’arrogance du « château », aux coûteux caprices d’un empereur amoureux de ses songes et aux intrigues de ses secrétaires, valets, bouffons, astrologues et alchimistes, répond et s’oppose la piété de la pittoresque « cité juive », fief du richissime Mordechai Meisl. Entre ces deux villes, entre ces deux hommes, aucun lien apparent, et pourtant… Première publication en 1953. Traduction de l’allemand par Jean-Claude Capèle.


Vladislav Vancura, Markèta Lazarova, Bourgois, 1993.
Membre fondateur de l’avant-garde tchèque dans les années vingt, Vladislav Vancura (1891-1942) nous livre avec Markèta Lazarová un roman d’aventures d’essence épique et ludique, dont les héros, de couleur médiévale, portent une vie généreuse et forte. Première publication en 1931.
Traduction du tchèque par Milena Braud.


Praga magica 1600: l’art à Prague au temps de Rodolphe II Musée national Magnin (2002) Exposition. Dijon, Réunion des musées nationaux, 2002.
Ce livre présente des œuvres (peintures et sculptures) provenant de collections publiques françaises et tchèques, ayant fait partie de la collection de l’empereur germanique Rodolphe II (1552-1612) qui, en 1583, quitte Vienne pour s’installer à Prague, où il poursuit la tradition familiale de mécénat artistique.



Histoire et science


André Neher, Faust et le Maharal de Prague: le mythe et le réel, PUF, 1987.
Derrière les mythes de Faust et de Golem se cachent deux hommes dont les existences réelles ont marqué l’histoire et l’esprit de la Renaissance au XVIe siècle
: le docteur Johannes Faustus et le Maharal de Prague.


Olivier Marin, L’Archevêque, le Maître et le Dévot: genèses du mouvement réformateur pragois, années 1360-1419, H. Champion, 2005.
Prague vit apparaître à la charnière des XIVe et XVe siècles la première hérésie capable de soulever un pays entier et finalement de triompher
: par fidélité à son prédicateur le plus fameux, Maître Jean Hus, la Bohême rompit avec le concile et l’empereur qui l’avaient livré aux flammes. Ce livre entend dévoiler les racines religieuses de l’Europe centrale.


Henriette Chardak, Les Rêveurs du ciel, Presses de la Renaissance, 2004.
Prague, début du XVIIe siècle. Premier astrophysicien et auteur de science-fiction de son temps, Johannes Kepler a démontré que le mouvement des corps célestes n’est pas sphérique mais elliptique, ouvrant ainsi la voie à Newton et à l’aventure de la conquête de l’espace.


À lire aussi
: André Neher, David Gans (1541-1613) disciple du Maharal de Prague, assistant de Tycho Brahé et Jean Kepler, Klincksieck 1974.


Philippe Depondt & Guillemette de Véricourt, Kepler: l’orbe tourmenté d’un astronome, Ed. du Rouergue, 2005.
Ce livre présente la vie et l’œuvre de Johannes Kepler (1571-1630) et étudie le contexte historique, religieux et scientifique de ses recherches dans les domaines de l’astronomie, des mathématiques et de l’optique, sa foi luthérienne, sa vie de famille, ses méthodes de recherche, sa carrière au service de Rodolphe II, l’élaboration de ses trois lois, etc.


Anna Maria Lombardi, Kepler: le musicien du ciel, Pour la science, 2003.
Ce livre fait découvrir la personnalité fascinante de Kepler, sa passion pour la culture classique et la recherche scientifique.



C. Sous la botte des Habsbourg: 1620-1918


On rafraîchit les vieux mythes (la légende de Saint Jean Népomucène), on entretient un mode de vivre, une culture déjà « underground », on acquiert des habitudes, un art de l’allusion, un désespoir teinté d’un humour spécifique, bref, on forge un art de la résistance que les différents maîtres présents et à venir appelleront « la passivité, la lâcheté, et la traîtrise du peuple praguois ». C’est le temps d’une longue gestation qui accoucha au lendemain de la première guerre mondiale d’une floraison littéraire de peu d’équivalent ailleurs…


Histoire


Bernard Michel, Prague Belle Époque, Paris, Aubier, 2008.
Prague à la Belle Époque: ville cosmopolite, multilingue, lieu d’une rivalité tchéco-allemande qui ne cessa jamais, ou presque, d’être pacifique – le livre de Bernard Michel vient opportunément raviver le souvenir d’une page importante et méconnue de la culture européenne.

Prague baroque


Lumières et ténèbres: art et civilisation du baroque en Bohême Musée des Beaux-arts (2002 — 2003) Exposition. Lille, Réunion des musées nationaux, 2002.
La culture tchèque s’est indéniablement nourrie du drame d’un peuple soumis au joug de la monarchie absolue des Habsbourg, qui imposa la Contre-Réforme. Longtemps, les XVIIe et XVIIIe siècles, qui célébrèrent l’hégémonie retrouvée du catholicisme, furent désignés comme un temps de « ténèbres ». Pour autant, l’art baroque n’en est pas moins réductible à un art de réaction. En Bohême, où il trouva une terre d’élection, sa force expressive, la variété de ses formes et ses singularités en font un patrimoine de premier ordre. Quelque cent cinquante œuvres — peintures, sculptures, estampes, mobilier, verrerie… — issues des plus prestigieuses collections tchèques dont celle de la Galerie nationale évoquent ici, dans leur contexte historique, l’épanouissement du baroque à Prague et dans sa région, et redonne sa place à un art longtemps oublié.


Le Palais Buquoy: ambassade de France à Prague Gründ, 2005.
Le palais Buquoy abrite, depuis 1918, l’ambassade de France à Prague. Cet édifice de style baroque a été le témoin des relations franco-tchèques au cours des dernières décennies. L’ouvrage évoque aussi l’histoire du palais au cœur de Mala Strana et les Buquoy dans l’histoire de la Bohême (1621-1848). De nombreuses photographies permettent en outre de découvrir ce patrimoine et sa décoration.
Photographies de Prokop Paul.


Littérature


Jakub Arbes, Saint-Xavier, L’Harmattan, 2004.

Jakub Arbes (1840-1914) incarne les contradictions de la Bohême. Journaliste militant, souvent en conflit avec les autorités autrichiennes, s’intéressant aux sciences naturelles, il est attiré par E.A. Poe et essaie de réconcilier la philosophie positiviste avec l’analyse des aspects mystérieux dans la conscience et l’inconscient humains et dans le monde dont certains phénomènes nous échappent. Inspiré par le tableau de F. X Palko (Balko), se trouvant dans l’église Saint-Nicolas, le récit d’Arbes évoque l’atmosphère de Prague et les interrogations culturelles et éthiques qui ont marqué la Bohême de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Traduction du tchèque par Hana Voisine-Jechova & Jacques Voisine.


Henri Gougaud, Le Voyage d’Anna, Seuil, 2005.

Novembre 1620. Premier acte de la guerre de Trente Ans
: Prague la protestante est mise à sac par les troupes catholiques. Anna, la servante, recueille l’enfant de son maître qu’on a massacré sous ses yeux. Elle ne sait pas encore que sa vie vient de prendre un cours radicalement nouveau. Elle fuit Prague avec le petit miraculé et rencontre, dans la tourmente de la guerre, la rage et la beauté de vivre, le secret des forêts, la folie et l’amour de gens inoubliables. Henri Gougaud (né en 1936) n’a jamais écrit un roman plus romanesque, plein de rebondissements et de péripéties.


Egon Erwin Kisch, La Chute du colonel Redl: enquête sur la fin de l’Autriche-Hongrie, Desjonquères, 1992.

À la veille de la première guerre mondiale, un immense scandale ébranla l’Autriche-Hongrie. L’un des principaux chefs des services de renseignements, le colonel Redl, avait été un espion à la solde de puissances étrangères. Egon Erwin Kisch (1885-1948), grand reporter à Prague, avait révélé l’affaire. Son enquête est un classique du genre
: c’est d’abord une trépidante histoire d’espionnage, le récit de la poursuite et du suicide du traître démasqué. Traduction de l’allemand par Pierre Béhar.
Alfred Kubin, L’Autre Côté suivi de Quelques souvenirs de ma vie, Corti, 2000.

Le seul roman du dessinateur autrichien Alfred Kubin (1877-1959) est paru en 1909. C’est un roman fantastique, un théâtre de fantasmagories échevelées, de métamorphoses hallucinées et de décompositions de toutes sortes. Une parodie de l’utopie, du voyage extraordinaire et du merveilleux.
Traduction de l’allemand par Robert Valençay.


Alfred Kubin, Le Cabinet de curiosités, Allia, 1998.
« 
Je suis l’organisateur de l’incertain, du tremblant, de la pénombre, de l’onirique », écrivait Kubin. Son œuvre littéraire se compose du roman L’Autre Côté et des huit nouvelles du Cabinet de curiosités, également illustrées de ses dessins. Inédites en français, ces histoires au contenu inquiétant, parfois ésotérique, témoignent d’une même invention et d’un même sens de l’humour noir que L’Autre Côté. Traduction de l’allemand par Christophe David.


Alfred Kubin, Ma vie, Allia, 2000.
Véritable work in progress, la rédaction de l’autobiographie d’Alfred Kubin fut reprise et complétée par sept fois, de 1911 — Kubin a alors 34 ans — jusqu’en 1952. Son écriture lui permit d’exorciser les terribles crises mentales qui plusieurs fois le menèrent au bord de la folie. Kubin ne cesse de s’interroger sur sa création, ce qui l’amène notamment à faire le point sur ses relations avec les différents artistes du xxe siècle."
Par le biais de cette autobiographie, et à vrai dire grâce à elle, je crois avoir répondu, dans la mesure du possible, à une question que l’on m’a souvent posée: « Comment en étais-je arrivé à faire de pareilles choses? » Je crois surtout avoir montré suffisamment clairement qu’au fond, c’était une seule et même force qui m’avait poussé, dans mon enfance, vers le rêve et plus tard, dans les frasques stupides puis dans la maladie et finalement vers l’art." Traduction de l’allemand par Christophe David.


Paul Leppin, Marche dans les ténèbres, Phébus, 2001.
Severin erre dans Prague à la recherche de quelque lumière
: lumière sur sa vie, sur le monde, sur lui-même. Il n’a pas beaucoup plus de vingt ans mais déjà loge en lui un bizarre fantôme qui l’empêche de vivre au même diapason que les gens dits normaux. Le quotidien l’accable, et l’amour même de la blonde Zdenka ne parvient pas à l’apaiser. Pour dire le vrai, il cherche en vain l’Amour auprès de toutes les femmes: auprès de Suzanne, la fille d’un bouquiniste expert en ouvrages licencieux, auprès de Karla, une chanteuse qui a perdu la voix… Dégoûté par le monde et par les êtres qui le peuplent, il balance au gré des rencontres entre le désir de meurtre et la tentation du suicide… et s’en va noyer son chagrin parmi la clientèle bizarre qui hante la taverne de l’Araignée.
Ce roman de Paul Leppin (1878-1945),
Marche dans les ténèbres (1914), est celui de la haine de soi, récit « baudelairien » d’une errance désespérée à travers les rues de la ville aux mille clochers, est aussi l’un des plus beaux livres jamais écrits sur les mystères de Prague. Traduction de l’allemand par Corinna Gepner.

Paul Leppin, Au-dessus de tout, Phébus, 2004.
Achevé au début des années trente, il ne sera publié qu’en 1984 et la critique saluera son étrange modernité. Blaugast, au cours d’une nuit d’errance par les rues de la ville, retrouve Schobotzki, un ancien condisciple qui prétend étudier la science de la dégradation, la « biologie du rabougrissement ». Et il se retrouve bientôt dans les bras de Wanda, prostituée douée d’un formidable instinct pour détecter ses proies et qui, aidée par une troupe de filles qu’elle a recrutées, s’ingénie à les maintenir dans un perpétuel état d’asservissement érotique. Des évocations du passé de Blaugast ouvrent de temps à autre sur un monde sinistre dont la crudité ne le cède en rien à celle du présent

Traduction de l’allemand par Corinna Gepner.


Gustav Meyrink, Le Golem, Flammarion, 2003.
1915. Tandis que la première guerre mondiale ensanglante l’Europe, Gustav Meyrink (1868-1932), alors quasiment inconnu publie son premier roman, qui connaît un succès foudroyant. Placé sous le signe du Golem, cette créature d’argile façonnée jadis par un rabbin, et qui revient hanter la ville tous les trente-trois ans, le livre ressuscite la Prague du tournant du siècle
: Prague et son ghetto, rasé quelques années avant la guerre par des autorités soucieuses d'« assainissement ». Dans ses rues tortueuses où sont tapis des êtres fantastiques, dévorés par la passion et la haine, des crimes se commettent, tandis que les couples dansent dans des cabarets sordides. La folie sourd des vieilles pierres… Traduction de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre.


Gustav Meyrink, La Nuit de Walpurgis, Flammarion, 2004.
Prague, 1917
 : au cœur de la ville mystérieuse, d’étranges événements se préparent. Dans le château du Hradschin, un somnambule fait son apparition, le visage en sang, au beau milieu d’un dîner aristocratique; pendant ce temps, de l’autre côté du Pont de pierre, dans la tour de la Faim, la jeune comtesse Polyxena assiste en secret à l’assemblée des membres des bas-quartiers de Prague. Parmi eux se trouve l’homme qu’elle aime, Ottokar, un bâtard à qui une prostituée en haillons a prédit qu’il deviendrait un jour « empereur du monde ». Pour empêcher la révolution qu’ils fomentent, elle tente d’exercer contre eux l’aweysha, ce terrifiant pouvoir par lequel les morts influent sur les vivants. La Nuit de Walpurgis, celle qui déchaîne les fureurs et les spectres, est proche… Voici, dans la lignée du Golem, le chef-d’œuvre du fantastique pragois. Traduction de l’allemand par Jean-Jacques Pollet


Karel Hynek Mâcha, Pèlerin et brigand de Bohême: œuvres choisies, Zoé Les classiques du monde, 2007.

Édité et traduit du tchèque par Xavier Galmiche
Ce volume comprend: Un soir au mont Bezdez Marinka Les Gitans Le monastère de Sazava La Chartreuse de Valdice Le journal d’un moine Dissension des mondes Le pèlerinage au Mont-des-Géants Retour Journal (16 septembre-6 novembre 1835) Poèmes Mai Extraits: C’était la fin d’un soir de mai, Le premier mai, le temps d’aimer. Le tendre appel des tourterelles Montait dans la senteur des pins. La mousse chuchotait de secrètes tendresses. L’arbre en fleurs lamentait un amoureux mensonge. Le rossignol chantait son amour à la rose, Et la rose amoureuse en parfums s’exhalait.


Musique


Guy Erisman, La Musique dans les pays tchèques, Fayard, 2001
Sur la toile de fond d’une histoire passablement cahotique, l’épopée d’un millénaire de musique tchèque dominée par les figures de Smetana, Dvorak, Janacek et Martinu. Témoin de l’écartèlement par les guerres de Religion, les dynasties, les langues, elle s’associe ensuite à la langue tchèque dans le combat pour une reconnaissance nationale au XIXe siècle. Ainsi elle écrit et joue l’histoire.


Jérémie Rousseau, Leos Janacek, Actes Sud — Classica, 2004.
Traquer la vérité, la traduire en musique le plus rigoureusement possible, voilà quel fut le credo de Leos Janacek (1854-1928). Ennemi du compromis et des modes, il glissa dans sa musique de chambre et ses opéras ses paniques angoissées, ses fièvres amoureuses, mais aussi son attachement viscéral à son pays, à la nature et aux animaux. Ce portrait biographique, psychologique et artistique de ce météore de l’histoire musicale aide à mieux le comprendre pour mieux s’abandonner à sa musique. Cette monographie s’appuie sur les dernières découvertes musicologiques et sur les témoignages de la veuve du compositeur.


Patrice Royer, Leos Janacek, Bleu nuit, 2004.
Cet ouvrage retrace la vie et l’œuvre du compositeur tchèque Leos Janacek (1854-1928), créateur de Jenufa, opéra en trois actes et l’une des grandes personnalités musicales de la première moitié du XXe siècle. Le contexte de création de chacune de ses œuvres marquantes est présenté avec une brève analyse.


Guy Erismann, Smetana, l’éveilleur, Actes Sud, 1993.
La biographie du compositeur tchèque (1824-1884), qui vécut longtemps à Prague, retrace son itinéraire musical, intellectuel et politique.


Guy Erismann, Anton Dvorak, Fayard, 2004.
Écrit par un spécialiste de la musique tchèque, cet ouvrage retrace le parcours du compositeur Antonin Dvorak qui passa une partie de sa vie à Prague, et s’attache à montrer la place qu’il occupe dans la musique et la civilisation de la Tchécoslovaquie.



Mozart


Vladimir Holan, Mozartiana, Fata Morgana, 1991.
Écrite en 1952-1954, cette suite intense et tragique célèbre Prague et Mozart. C’est aussi le chant autobiographique douloureux de Vladimir Holan (1905-1980).
Traduction du tchèque par J. Pelan & Y. Bergeret.

Eduard Mörike, Un Voyage de Mozart à Prague Gallimard, 2004.
À l’automne 19787, Mozart entreprend, en compagnie de sa femme, un voyage à Prague pour y jouer l’opéra qu’il compose: Don Giovanni. En chemin, sa distraction d’artiste lui attire les foudres, puis les sympathies d’hôtes imprévus. Au cours de la soirée, il se révélera un convive délicieux, gai et enjoué, et un musicien inspiré, capable de composer à l’improviste une partie de son prochain opéra. Cette nouvelle de Eduard Mörike (1804-1875) a été publiée en 1856 pour le centenaire de la naissance de Mozart. Traduction de l’allemand par Léon Vogel.


Judaïsme


Sylvie Anne Goldberg, Les Deux rives du Yabbok: la maladie et la mort dans le judaïsme ashkénaze, Prague, XVIe-XIXe siècle, Cerf, 1989.
«
 Voici un ouvrage important. Ce livre est une contribution significative à l’histoire générale de la mort en Occident, telle qu’elle se développe actuellement, et une analyse pionnière de l’institutionnalisation et de la perception de la mort chez les juifs en particulier. Mais c’est également une annonce de ce que pourront apporter les études juives qui renaissent en France. Ces deux dimensions du travail de Sylvie Anne Goldberg sont indissociables. » Yosef Hayim Yerushalmi.


D. Les Avant-gardes: 1918-1939


Littérature


Jaroslav Hasek, Le Brave Soldat Chveîk, Gallimard, 1975.
Mobilisé dans l’armée autrichienne pendant la guerre, Jaroslav Hasek (1883-1923) passa aux Russes et s’enrôla en 1918 dans l’Armée Rouge. Il rentra dans sa patrie en 1920 pour y terminer, suivant les conseils de ses amis,
Les Aventures du brave soldat Chvéïk, dont voici un extrait: "Vous n’auriez pas, par hasard, une ceinture sur vous pour que j’en finisse? — Si, et je vous la prêterai volontiers, répondit Chvéïk en quittant sa ceinture, d’autant plus que je n’ai encore jamais vu comment on fait pour se pendre dans une cellule. Ce qui est embêtant, continua-t-il en regardant autour de lui, c’est qu’il n’y a pas un seul piton ici." À lire aussi: Nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk Gallimard 1985.



Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour, Viviane Hamy, 1990.
Après quatre années de prison, Christof Nowy s’embarque pour l’Égypte afin de retrouver l’unique témoin qui lui permettra de prouver son innocence. Pendant la traversée, il fait la connaissance d’une jeune femme, Solange, qui, sans qu’il le sache, a été liée à ceux qui furent pour lui des figures emblématiques du bien et du mal. Parmi eux, Richard Garta dont la force et le rayonnement sont d’autant plus émouvants que Max Brod (1884-1968) évoque en lui l’ami de toujours, Franz Kafka.
Traduction de l’allemand par M. Metzger.


Vladimir Holan, Une Nuit avec Hamlet et autres poèmes: 1932-1970, Gallimard, 2000.
Ce recueil rassemble les poèmes les plus forts du poète tchèque Vladimir Holan (1905-1980). Ils imposent la voix et la silhouette d’un homme qui se dit à charge de lui-même et se voit noir sur noir. D’un homme qui use d’une dérision qui détruit et se moque de divertir.
Traduction du tchèque par Dominique Grandmont.


Vladimir Holan, L’Abîme de l’abîme, Plein chant, 1991.
L’œuvre de Vladimir Holan est à la fois la plus complexe et la plus hermétique de la poésie tchèque du XXe siècle. Traduction du tchèque par Patrick Ourednik.


Anton Kuh, Café de l’Europe, Calmann-Lévy, 2003.
Un homme qui a le temps de réfléchir dans un bistrot à ce que les autres, qui sont à l’extérieur, n’ont pas vécu, ainsi se définissait Anton Kuh (1890-1941), habitué des cafés d’avant-guerre à Vienne et à Prague, où il occupait ses journées à observer ses prochains et à épingler les absurdités de l’empire austro-hongrois agonisant. Les textes réunis ici, pour la première fois en français, constituent un portrait décapant d’une société en décomposition, ainsi qu’un aperçu terriblement lucide de la montée des forces qui allaient bientôt anéantir ce monde de valses et de flonflons.


Lenka Reinerova, Promenade au lac des cygnes, Esprit des péninsules, 2004.
Dans ces trois nouvelles autobiographiques, Lenka Reinerová (née n 1916), l’un des derniers écrivains tchèques de langue allemande, convoque le souvenir de sa sœur cadette disparue à Auschwitz (Promenade au lac des cygnes) et de ses années d’exil (
Chez moi à Prague, et parfois aussi ailleurs). Un autoportrait inséparable de celui de Prague, personnage principal du Café de rêve d’une Pragoise, où l’auteur bavarde avec Theodor Balk et ses amis disparus, Egon Erwin Kisch, Max Brod, Franz Kafka, Jaroslav Hasek, Wieland Herzfeld — protagonistes d’une scène culturelle dont l’auteur demeure la seule survivante. Traduction de l’allemand par Nicole Barry.


Rainer Maria Rilke, Histoires pragoises. Seuil, 1997.
Le Roi Bohusch et Frère et sœur, les deux récits constituant ces Histoires pragoises, comptent parmi les tout premiers textes de Rilke (1875-1926). Nourris d’éléments autobiographiques, ils évoquent l’atmosphère qui régnait alors à Prague, et, en particulier, l’émergence du sentiment nationaliste anti-allemand de la jeunesse tchèque. "Ces pages, écrivait Rilke, m’ont rendu cher ce que j’avais à demi oublié et elles m’en ont fait don. Car de notre passé nous ne possédons que ce que nous aimons. Et nous voulons posséder tout ce que nous avons vécu." Traduction de l’allemand par Maurice Betz, Hélène Zylerberg & Louis Desportes.


Jaroslav Seifert, Être poète, Temps des cerises, 1998.
Dans ce dernier recueil, paru en 1983, Jaroslav Seifert (1901-1986) retourne à son adolescence, à ses premières amours et à ses premiers vers. Il se souvient des années noires de la guerre, pour aussitôt lancer un chaleureux appel à la paix. Sa chère ville de Prague est très présente et le poète évoque ceux qui l’ont aimée avant lui, comme Mozart.
Traduction du tchèque par Jana Boxberger.


Hermann Ungar, La Classe, Ombres, 1989.
Que vient donc faire Josef Blau, un beau soir de printemps, devant la porte d’une maison close de la rue de la Caserne
? Pourquoi a-t-il rabattu son chapeau sur ses yeux? Pourquoi sa main serre-t-elle un cigare dans sa poche? À quelle injonction de son implacable destin obéit-il? Chaque jour, ce modeste professeur, homme d’ordre et de devoir, défend son gagne-pain contre dix-huit jeunes garçons de la bourgeoisie locale, arrogants, méprisants, tricheurs, et vêtus de bien troublants costumes marins. Est-ce de cette classe où couve la révolte que viendra l’inéluctable fin, le châtiment que Josef B. a attiré sur lui, ou bien de son foyer, où contre lui se liguent l’insouciance de Selma, sa trop belle épouse, l’impudicité de sa tapageuse belle-mère, et l’exubérance « hénaurme » d’Oncle Bobeck? Saura-t-il, dans sa quête d’un improbable salut, s’assurer le concours de Modlizki, l’ancien camarade de misère aujourd’hui domestique dans une grande maison, sombre et inquiétante figure de révolté satanique? La Classe, publié en 1927, peint avec tendresse la tragédie d’un « petit homme » qui, harcelé par le soupçon d’un Mal protéiforme et la conscience suraiguë d’une culpabilité originelle, se débat pitoyablement sous l’œil d’un dieu sévère et caché, pour accéder enfin au monde de ses semblables. Un très beau roman de Hermann Ungar (1893-1929). Traduction de l’allemand par Béatrice Durand-Sendrail & François Rey.

Johannes Urzidil, La Fuite de Kafka et autres nouvelles, Desjonquères, 1991.
Trois nouvelles de Johannes Urzidil (1896-1970) placées sous le signe de Kafka, dont l’auteur a été l’un des proches. La première est une biographie imaginaire de Kafka, les deux autres nous transportent dans un univers kafkaïen où les êtres sont confrontés à la relativité de la justice humaine.
Traduction de l’allemand par Jacques Legrand.


Johannes Urzidil, Prague, la bien-aimée perdue, Desjonquères, 1990.
En 11 tableaux formant un ensemble chronologique cohérent, Urzidil retrace ses souvenirs. Écrivain et journaliste praguois, de langue allemande, il participa à l’activité culturelle de Prague. En 1939, il s’installa aux États-Unis.
Traduction de l’allemand par Jacques Legrand.


Johannes Urzidil, La Maison des neuf diables, Desjonquères, 1989.
Johannes Urzidil fait revivre l’histoire et les légendes de sa Bohême natale au temps de la monarchie habsbourgeoise et jusqu’à l’arrivée des troupes hitlériennes.
Traduction de l’allemand par Jacques Legrand.


Vladislav Vancura, Jan Marhoul, Ombres, 1991.
« Avec
Jan Marhoul, son premier roman, dès la première phrase ("L’espace de la nuit est le silence"), même si le style dépayse, on pénètre dans un monde quotidien et irréel que sous-tend une exigence rare: une quête presque mystique constamment imprégnée par la Bible et menée avec une imagination hantée, habitée, une passion étrange qui rend insolite le comportement d’êtres ordinaires. Ainsi, dans l’histoire de Jan Marhoul, l’auteur s’attache moins à la psychologie du pauvre boulanger qui ne vend plus son pain qu’à l’exigence intérieure d’un être qui va faire l’ascension de toute la souffrance du monde, voir péricliter sa boulangerie, le moulin, ses espérances d’instruction classique pour son fils, tandis que la maladie finira par avoir raison de lui. Traduction du tchèque par A. Pohorsky & J.-F. Chanet.

Vitezslav Nezval, Prague aux doigts de pluie, l’Age d’homme, 2007.
Traduit du tchèque par Laurent Binet
préface de Petr Kral Vítezslav Nezval (1900-1958) fut le plus grand poète tchèque de la première moitié du XXe siècle. Ami de Breton, Eluard, Soupault, héritier de l’esthétique baudelairienne par le truchement du surréalisme, Nezval proclamait: « Je ne distingue plus les choses selon le charme ou la laideur que vous leur avez assignés. » De fait, on peut penser que Prague fut à Nezval ce que Paris fut à Baudelaire: une inépuisable source d’inspiration et un objet d’hommages perpétuels. Un recueil envoûtant dédié à une ville envoûtante… (site de l’éditeur)


Vitezslav Nezval, Valérie ou La semaine des merveilles, R. Laffont, 2007.
Traduit du tchèque par Milena Braud, Jean Rousselot
Fondateur du groupe surréaliste pragois, Vitezslav Nezval est un des écrivains tchèques les plus importants du XXe siècle. Avec Valérie, il peint un voyage initiatique qui lorgne vers le conte érotique. Ainsi raconte-t-il l’histoire de Valérie, une charmante jeune fille de dix-sept ans dont l’existence sera bouleversée par l’arrivée dans le village d’un mystérieux connétable qui fut jadis l’amant de sa grand-mère. Contre toute attente, ce dernier tombera sous la fascination de la jeune fille, l’emmenant alors dans un voyage de sept jours et sept nuits qui racontera la métamorphose de la jeune fille en femme. Un roman noir où les apparences sont trompeuses et où le vice l’emporte sur la vertu.


Franz Kafka (1883-1924)


Franz Kafka, Le Procès, Pocket, 2005…
Un matin, Joseph K. est arrêté. Qui l’accuse
? De quoi? Quand aura lieu son procès? À ces questions, une réponse implacable: « C’est la Loi. » L’erreur est donc impossible. Ainsi, lentement, au rythme de l’administration, la vie de K. tourne au cauchemar. Avocats désabusés, juges peu scrupuleux, tribunal déserté… la justice n’est plus qu’absurdité, simulacre d’une liberté déjà perdue. Traduction de l’allemand par Georges-Arthur Goldschmidt.


Franz Kafka, Le Château, LGF, 2001.
Le géomètre K. cherche à rencontrer son employeur afin de prendre ses fonctions. Quoi de plus courant
? À l’image de cette motivation, le langage de Kafka est simple et sobre, contrairement aux péripéties engendrées par ce désir pourtant banal, mais dont la réalisation dépend du château. Cet édifice surplombe le village et en abrite toute l’administration. Trônant sur le destin de tous les habitants, il est impénétrable et, comme tout ce qui sert de point de référence à la quête de K., est investi d’une autorité que personne ne mesure vraiment. Dans cet univers en apparence immuable, même le temps échappe à la compréhension du héros pathétique, dont les repères sont de plus en plus intangibles et fluctuants. Mais K. est-il vraiment à plaindre, lui qui refuse de fuir et persiste à vouloir s’intégrer dans cette logique, insaisissable pour l’étranger comme pour l’autochtone? Dans ce roman qui, par son travail sur le permanent et le fluctuant, atteint à un équilibre prodigieux entre la claustrophobie et le vertige, Kafka met en scène de manière saisissante la montée progressive de l’angoisse. Traduction de l’allemand par Axel Nesme.

Franz Kafka, Journal, Grasset, 2002.
Des faits de la vie personnelle de l’écrivain allemand, des réflexions sur ces faits ou des tentatives d’explication, des esquisses et des ébauches, des descriptions de personnes et de personnages, des dialogues, des rêves… Un document littéraire et un témoignage humain, pour connaître l’œuvre et l’écrivain.
Traduction de l’allemand par Marthe Robert.


Franz Kafka, Lettres à Milena, Gallimard, 1988.
Franz Kafka connut d’abord Milena comme traductrice
: elle établissait la version tchèque de quelques-unes de ses proses courtes. Ces relations se transformèrent en une liaison passionnée dont les lettres permettent de suivre le progrès. Cette passion ne dura qu’un instant, elle tient en quelques mois à peine. Les lettres racontent d’un bout à l’autre ce roman d’amour, orgie de désespoir et de félicité, de mortification et d’humiliation. Car quelle qu’ait pu être la fréquence de leurs rencontres, leurs amours restent essentiellement épistolaires comme celles de Werther ou de Kierkegaard. Milena est morte vingt ans après Kafka, dans le camp de concentration de Ravensbrück.

À lire aussi
: Lettres à Ottla et à la famille Gallimard 1978.



sur Franz Kafka et Milena


Jacques Laurans, L’Ombre pensive de Franz Kafka, Théétète, 2001.
Cet ouvrage comporte plusieurs extraits d’ouvrages consacrés à Franz Kafka sur fond de plusieurs lectures parallèles ayant marqué son œuvre. Plusieurs de ses écrits sont choisis et commentés, ainsi que les principaux thèmes récurrents tels que l’influence de la ville de Prague et son imaginaire.


Patrizia Runfola, Prague au temps de Kafka, la Différence, 2002.
« Prague magique », Prague des écrivains du tournant du siècle, Prague de Franz Kafka et de ses amis… Du
Golem de Gustav Meyrink au Brave Soldat Svejk, des outrances expressionnistes de Werfel au Cercle de Prague, du séjour de Rilke aux cubistes tchèques, Patrizia Runfola fait revivre sous nos yeux une culture fascinante et crépusculaire. C’est un guide imaginaire pour visiter cette vieille capitale en arpentant en rêve les ruelles obscures qui montent au Château, traverser le pont Charles, ouvrir, comme l’auteur du Procès, la lucarne qui donne sur le chœur de l’église de Tyn. C’est aussi l’ouvrage indispensable pour comprendre l’esprit d’une littérature qui a marqué la littérature européenne du XXe siècle. Traduction de l’italien par Gérard-Georges Lemaire.


Klaus Wagenbach, La Prague de Kafka, Michalon, 1996.
L’existence de Franz Kafka s’étant déroulée dans la vieille ville praguoise, l’auteur propose une visite de Prague fondée sur la biographie de l’auteur du
Château. De la maison natale au lycée impérial de langue allemande du palais Kinsky, des cafés littéraires fréquentés par l’écrivain à l’université, de l’institut d’assurances où il travailla pendant 14 ans à la Ruelle d’Or. Traduction de l’allemand par Denis Armand-Canal.
Alena Wagnerova, La Famille Kafka de Prague, Grasset, 2004.
Qu’était donc la famille Kafka de Prague
? Alena Wagnerova décrit magnifiquement ce « quartier général du bruit » où Franz vécut, et qui peuple ses livres… Le grand-père Jakob Kafka, boucher de son état; Hermann, son fils, commerçant, qui fut le père de l’écrivain; Franz Kafka et ses trois sœurs; les déménagements, les mariages, les échecs, les fiançailles rompues, le bruit et l’écriture… En s’appuyant sur de nombreux extraits du Journal, sur des lettres et des témoignages inédits, Alena Wagnerova nous offre une vision émouvante et résolument originale de Franz Kafka et des siens. Traduction de l’allemand par Nicole Casanova.


Gustav Janouch & Franz Kafka, Conversations avec Kafka, M. Nadeau, 1988.
Ces notes ont été rassemblées par l’auteur qui, à l’âge de 17 ans, en 1920, rencontra Kafka et devint son ami.
Traduction de l’allemand par Bernard Lortholary.


Maria Hockaday, Milena de Prague, Calmann-Lévy, 1997.
Ce livre est une biographie de Milena Jesenka, grand amour et épistolière de Kafka, auteur de nombreux articles parus dans les journaux praguois durant les années vingt et 30, avant d’être déportée au camp de Ravensbrück.
Traduction de l’anglais par Catherine David.


Alena Wagnerova, Milena, Rocher, 2006.
Destinataire des Lettres à Milena de Franz Kafka, Milena Jesenska vécut de 1896 à 1944. Alena Wagnerova raconte la vie de cette journaliste tchèque, pionnière de l’émancipation féminine et de l’engagement politique des femmes, personnalité de la vie culturelle pragoise dans les années 1930, militante anti-nazi qui finit sa vie à Ravensbrück.
Traduction de l’allemand par Jean Launay.


Gérard-Georges Lemaire, Kafka, Gallimard Folio biographies, 2005.
Voici une biographie de Franz Kafka (1883-1924) qui se concentre notamment sur la pudeur de l’homme, de même qu’elle tente de démêler la complexité de son rapport à la culture yiddish et au judaïsme. Une partie de l’étude s’intéresse également à sa hantise de la mort, sans oublier de parler de ses relations tumultueuses avec Milena.


Roberto Calasso, K., Gallimard Du monde entier, 2005.
Traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro
Au-delà de la pure biographie, Calasso explore l’architecture d’une œuvre qui demeure inextricablement liée à la fulgurance d’une trajectoire. Renouvelant la lecture de l’œuvre de Kafka, cet essai s’attache à décrypter le mystère qui entoure une écriture dont le sens semble sans cesse se dérober.


Collectif, Europe, Europe, n° 923 — Franz Kafka 2006.
Ce numéro réunit une vingtaine d’interventions d’universitaires et d’écrivains, parmi lesquels le prix Nobel de littérature 2004, Elfriede Jelinek.
Les différents textes sont consacrés soit à des œuvres précises, comme Le Verdict, Le Terrier, ou La Métamorphose, soit aux grands thèmes de son œuvre. Depuis sa relation aux femmes jusqu’aux avatars du motif musical dans son œuvre, chaque caractéristique est passée au crible. Interviennent notamment dans ce numéro: Hélène Cixous, Jacques Le Rider, Françoise Rétif…



Révolution dans les arts visuels


Prague, capitale secrète des avant-gardes: 1900-1938 Musée des beaux-arts Exposition. Dijon, Réunion des musées nationaux, 1997.
Le musée des beaux-arts de Dijon poursuit son investigation sur le rôle des échanges artistiques dans l’histoire de l’art européen. Ce catalogue reprend la structure de l’exposition et mêle au texte une grande quantité de reproductions.

L’Ennemi n° 2, Prague d’or, Bourgois, 1992.
Le numéro 2 de L’Ennemi présenta la création littéraire, artistique, architecturale de Prague pendant les années 20

Grand Jeu et surréalisme: Reims, Paris, Prague Musée des beaux-arts (2003 — 2004) Exposition. Reims, Ludion — Musée des beaux-arts de Reims, 2003.
Fruit de la complicité entre quatre adolescents du lycée de Reims durant les années 1922-1925 - René Daumal, Roger Lecomte, Roger Vailland et Robert Meyrat -, le Grand Jeu est un mouvement littéraire et artistique qui prend corps à Paris à la fin de l’année 1927. Le Grand Jeu est aussi le titre de sa revue dont le premier numéro paraît en 1928, revue qui publie également des artistes et écrivains issus du dadaïsme ou de la mouvance surréaliste tels Georges Ribemont-Dessaignes, Man Ray, André Masson. Ébranlé par « l’unité spirituelle » d’un groupe qui mettait en cause un surréalisme « créateur de poncifs », André Breton tenta de la déstabiliser. L’ouvrage Grand Jeu et surréalisme présente les sources esthétiques du mouvement, ses acteurs et ses proches. Il met en évidence sa dimension européenne provoquée par le peintre Joseph Sima, qui contribua à la création d’un parcours intellectuel reliant Reims, Paris et Prague durant les années précédant le surréalisme tchèque.

Virginie Chardin, Frantisek Drtikol, Actes Sud, 2006.
Auparavant influencé par le pictorialisme et le courant symboliste, l’œuvre du photographe Frantisek Drtikol (1883-1961) s'oriente dans les années 1920 vers le cubisme, l’abstraction et l’art déco. Son travail rend ainsi compte de l’identité photographique de la Tchécoslovaquie durant l’entre-deux-guerres.

Cercle d’art, Kokoschka: 1886-1980, 1995.
Né en 1886 à Pöchlarn (Autriche), Oskar Kokoschka se forme au contact des Ateliers viennois de 1905 à 1909. Dès 1910, il fréquente les milieux d’avant-garde à Berlin (Der Sturm). Après des séjours à Dresde où il est professeur (1919-24), Vienne (1931), Prague (1934-38) et Londres (1938-53), il s’établit définitivement en Suisse en 1953, à Villeneuve où il passe les vingt-sept dernières années de sa vie. À côté de Schiele, Kokoschka s’est vite imposé comme un des représentants majeurs de l’expressionnisme.
Édition sous la direction de S. Fauchereau.



Art nouveau


Luca Quattrocchi, La Sécession à Prague, Gallimard, 1992.
Ce livre est un portrait de l’Art nouveau pragois entre 1898 et 1914. « Sécession » fut l’un des courants artistiques les plus originaux que la ville ait connus, en architecture comme en peinture ou en sculpture.
Traduction de l’italien par Anne Guglielmetti.


Mucha, Gründ, 2000.
Publié sous la direction des héritiers de l’artiste à l’occasion de l’ouverture du Musée Mucha à Prague, cet ouvrage offre un panorama de ses œuvres typiques du style « fin de siècle ». Il propose aussi la découverte d’aspects moins connus de la carrière du peintre, révélant la profondeur et la force de ses créations décoratives.

Cubisme


Réunion des musées nationaux, Vincenc Kramar: un théoricien et collectionneur du cubisme à Prague, 2002.
Grand collectionneur, Vincen Kramar (1877-1960) découvrit le cubisme lors d’un séjour à Paris vers 1910. Vous trouverez ici des contributions sur l’ensemble de son action, comme collectionneur, comme historien d’art et comme directeur de musée: il dirigea ce qui deviendra par la suite la Galerie nationale de Prague. Dirigé par Jana Claverie, Hélène Klein, Vojtech Lahoda & Olga Uhrova.


Miroslav Lamac, Cubisme tchèque, Ed. du Centre Pompidou — Flammarion, 1992.
L’école cubiste tchèque a marqué la naissance d’une tendance que l’on désigne sous le terme cubo-expressionnisme. Les applications de cette conception à la peinture, à la sculpture, à l’architecture et aux arts appliqués ont fait de Prague le second centre du cubisme après Paris.


Frantisek Kupka (1871-1957)


Ed. du Centre Pompidou, Frantisek Kupka: la collection du centre Georges Pompidou, 2003.
Ce catalogue complet et analytique des œuvres du peintre tchèque Frantisek Kupka témoigne de sa production changeante et complexe. Ses recherches dans l’abstraction à partir des années 1910 ont fait la renommée de l’artiste. Une biographie illustrée de documents et de textes de spécialistes fait le point sur les derniers apports de la recherche sur la création et la personnalité de Kupka.
Musée d’Orsay (2002) Vers des temps nouveaux: Kupka, œuvres graphiques (1894-1912) Exposition. Paris, Réunion des musées nationaux, 2002.
Les principaux projets de l’artiste pour la presse satirique, ses illustrations pour des livres et ouvrages de bibliophilie, ses dessins symbolistes, montrent l’évolution de son œuvre vers un art non figuratif. Moi, il y a tant de facteurs disparates qui ont travaillé à me faire ce que je suis que c’est à peine si je me reconnais. […] Et ma vie a suivi jusqu’ici un cours tellement plein de tours et de détours qu’il me semble qu’il me faudrait au moins cent ans si je devais refaire le même chemin en sens inverse. […] me voilà, sain et sauf, pleinement conscient, face à face avec moi-même. Le moment est venu d’écrire (dessiner peindre) mon credo. Lettre de Kupka à Roessler, 6 octobre 1910.


Josef Sima (1891-1971)


Frantisek Smejkal, Sima, Cercle d’art, 1992.
Joseph Sima figure parmi les personnalités qui ont contribué à façonner, au regard de l’histoire, l’image définitive de l’art tchèque au XXe siècle.
Traduction du tchèque par Xenia Zincenkova, Jacqueline Ménanteau & Annick Baudoin.


Roger Gilbert-Lecomte, Josef Sima l’Atelier des brisants, 2001.
Ce livre rassemble cinq textes de Roger Gilbert-Lecomte, écrits en 1929 et 1930, à propos de la peinture de Josef Sima. Il ne fait pas œuvre de critique littéraire et artistique, seulement son manifeste est une sommation de regarder pour un spectateur d’exception que ne séduirait pas la peinture au goût du jour.

E. 1939-1945: retour des vieux démons


Les Nazis tentèrent d’effacer la présence juive à Prague, oubliant que c’est elle qui avait tenu allumé le flambeau de la langue, de la musique, de la culture allemandes. Ç’eût été un moindre mal face aux adeptes de la solution finale. Prague déchirée, Prague où l’on avait rallumé les bûchers, remonté les échafauds. Prague faisait une provision de culpabilité pour servir à son prochain tortionnaire…


Alain Delbe, Golems, Phébus, 2004.
À Prague, à la fin des années 30, le grand rabbin Fischer est le seul à connaître la formule magique pour créer l’imitation d’un être humain, le Golem, capable d’échapper à l’emprise du temps. La transmission de son savoir à Nathan Eisner, un jeune étudiant prometteur, ne se fera pas sans conséquences puisque celui-ci aura l’imprudence de partager son secret avec celle qu’il aime.


Ladislav Fuks, L’Incinérateur de cadavres, L’Engouletemps, 2004.
Un père de famille modèle, employé zélé du crématorium de Prague, se laisse gagner par les idées nazies. Il hausse l’incinération au rang d’un sacerdoce universel qu’il n’hésite pas à mettre en pratique dans son entourage le plus proche. Cette conviction justifie les actes les plus vils. Telle est la trame de ce roman de Ladislav Fuks (1923-1994).
Ladislav Fuks, Monsieur Mundstock: le porteur d’étoile, L’Engouletemps, 2004.
En 1942 à Prague, Monsieur Mundstock partage le sort des Juifs de Prague. Il redoute chaque jour l’arrivée de la lettre qui l’enverra en camp de concentration. Son ombre dialogue avec lui. Un jour, il acquiert la conviction qu’il peut se préparer avec méthode à la déportation.
Traduction du tchèque par Bathélemy Müller.


Else Lasker-Schüler, Moi et moi, Bourgois, 1990.
Une version de Faust adaptée aux circonstances du régime hitlérien, où les nazis sont jetés dans l’aventure de l’enfer par Else Lasker-Schüler (1869-1945).
Traduction de l’allemand par Henri-Alexis Baatsch.

Friedrich Torberg, Le Retour du Golem: nouvelles, Rocher, 2004.
Friedrich Torberg (1908-1979) passa une partie de sa jeunesse à Prague, avant de s’exiler aux États-Unis en 1938, pour ne revenir en Autriche qu’en 1951. C’est en 1968 qu’il publie ce recueil de trois nouvelles, composé de
La vengeance est mienne, Rien de plus simple et Le Retour du golem. La première évoque l’Holocauste et l’horreur des camps de concentration, au sein d’une réflexion plus globale sur la judéité, alors même que Torberg n’avait pas connaissance de la réalité du système concentrationnaire nazi. La deuxième traite d’un autre totalitarisme: celui du joug communiste, imposé à partir de 1945 par l’Union soviétique à la majeure partie de l’Europe centrale et orientale. La troisième nouvelle permet à l’écrivain de renouer avec sa jeunesse praguoise et les légendes ancestrales de la communauté juive de la capitale de la Bohême. Unies par une atmosphère oppressante conférée soit par les lieux, telle Prague, ville de mystère et de sortilèges par excellence, soit par les conditions politiques, en l’espèce différentes formes de totalitarisme, ces nouvelles sont particulièrement remarquables par leur finesse d’analyse, tout comme par la réflexion à laquelle elles incitent sur la condition de l’homme moderne confronté à la réalité d’un État devenu criminel et monstrueux. Traduction de l’allemand par Mireille Liebermann.
Jiri Weil, Mendelssohn est sur le toit, 10-18, 1997.
Ce roman a été publié en 1960, un an après la mort de Jiri Weil (1900-1959). Un soir de 1941, Reinhart Heydrich, gouverneur du protectorat de Bohême-Moravie, vit en sortant de l’opéra de Prague que la statue de Mendelssohn, parmi bien d’autres, se dressait sur le toit. Il donna aussitôt l’ordre de faire enlever ce « juif ».
Traduction du tchèque par Erika Abrams.


Jiri Weil, Vivre avec une étoile, Denoël, 1992.
L’histoire de Josef Roubicek est celle de Jiry Weil lui-même. Mais jamais celui-ci n’écrit ces mots
: juif, Prague, nazis, Allemands. L’homme qui raconte calmement, posément, dit comment, sans le tuer (pas encore…) on lui ôte peu à peu sa vie. Traduction du tchèque par Xavier Galmiche.



F. À l’ombre du Grand Frère de l’Est: 1945-1989


Habituée de longues dates au double langage, aux trésors d’humour que recèle la duplicité, voilà une fois de plus que l’esprit de l’élève tchèque a dépassé celui du maître soviétique: les grands procès staliniens atteignirent à Prague des sommets d’absurde, l’adjectif « kafkaïen » gardait toute sa fraîcheur. Plus avant dans le tragique, Faust et le Golem aussi. La bière coule à flots dans les récits de Hrabal, le pouvoir se délite dans ceux de Kundera et, contre Héraclite, la même Vtlava passe sous les arches du pont Charles.


Littérature


André Breton, Perspective cavalière, Gallimard, 1996.
Le présent recueil retient tous les écrits qui se situent entre le printemps 1952 et 1966. L’éventail va de la politique à l’esthétique (avec des études « cavalières » sur Desnos, Artaud, Georges Darien) et des réflexions sur le surréalisme et le rêve. Langue des pierres dans Perspective cavalière, concerne Prague.

Bruce Chatwin, Utz Grasset, 1997.
À Prague, patrie du Golem et de la mélancolie, Kaspar Utz vit parmi sa collection de figurines en porcelaine. Il aime, plus que tout au monde, ces trésors dont il a fait son univers: il les entasse dans son petit appartement, et un lien mystérieux unit son âme à leur seule présence. Que deviendront ces êtres précieux et fragiles après sa mort? Qui saura leur témoigner la tendresse sans laquelle ils ne seraient que des choses? Bruce Chatwin (1940-1989) a voulu, ici, explorer l’énigme de la passion, de la possession: qui saura jamais si un collectionneur possède ses objets ou s’il leur appartient. Traduction de l’anglais par Jacques Chabert.


Dominika Dery, Saucisses et petits gâteaux, Lattès, 2006.
Au début des années 80, au lendemain de l’écrasement du Printemps de Prague, Dominika, double de Dominika Dery (née en 1975), grandit paisiblement entre sa mère, économiste reniée par ses parents membres de l’élite du parti et son père, ingénieur, réduit à jouer les chauffeurs de taxi pour survivre. Dans cette petite ville des faubourgs de Prague, elle rêve de devenir danseuse.
Traduction de l’anglais par Michèle Garène.


Patrick Guyon, Les Noms de Prague, Fanlac, 1986.
Des poèmes de Patrick Guyon (né en 1944) autour du vieux cimetière juif de Prague.


Bohumil Hrabal, Vends maison où je ne veux plus vivre, Seuil, 1992.
« Les récits corrosifs qui composent Vends maison où je ne veux plus vivre montrent une fois encore le talent de conteur de Hrabal, écrivain nostalgique d’une Prague brillante et intellectuelle et poète de la vie quotidienne. Le viol d’une femme éméchée, l’agonie d’un groupe de vieillards, les souffrances d’un infirme, la bohème des années vingt, autant d’histoires monstrueuses et belles, où le rire le plus franc nuance la misère humaine. » (Christophe Guias, Le Point.) Traduction du tchèque par Claudia Ancelot.
Bohumil Hrabal, Les Noces dans la maison: la trilogie des souvenirs, Seuil, 1993.
En trois volets (
Les Noces dans la maison, Vita Nuova, Terrains vagues) Bohumil, pour mieux se regarder, s’écouter, se critiquer, se souvenir, a conçu un stratagème malicieux: faire parler sa femme. Tout commence le jour où la jeune Eliska fait la connaissance de son professeur alors qu’il est à quatre pattes en train de brosser le plancher de son rez-de-chaussée miteux où ils logeront pendant vingt ans. C’est de ce quartier de Liben que l’on découvre peu à peu un Bohumil Hrabal tel qu’en ses livres, extravagant, bambocheur, farfelu, qui a fait tous les métiers, qui aime biner les potagers et se promener sur les bords de la Vltava mais ne se noie que dans la bière et le cognac. Et qui tape frénétiquement sur sa machine Perkeo. Tendres et ironiques, chaleureuses et lucides, Les Noces dans la maison sont aussi, grâce à la plume multiple et bigarrée de Bohumil Hrabal, une invitation à aimer la vie, à la fêter avec jubilation et générosité. Traduction du tchèque par Claudia Ancelot.
Ivan Klima, Amour et Ordures, Seuil, 1992.
Dans la Prague des années 80, un écrivain célèbre tombé en disgrâce abandonne temporairement l’essai qu’il rédige sur Kafka. Tous les matins, à six heures, il endosse la veste orange des balayeurs et, en compagnie de son équipe, arpente les rues de la ville. Ponctuées par le rythme régulier du balai, les pensées se succèdent. Et la quête des ordures quotidiennes fait place à une exploration du passé — souvenirs déchirants du camp de Terezin où le narrateur fut déporté enfant -, une méditation sur la littérature en général et Kafka en particulier, une évocation lancinante de sa liaison adultère. Peu à peu, il lui faudra admettre l’impossibilité d’être à la fois un écrivain et un amant honnête et la nécessité de faire un choix douloureux. Ivan Klima (né en 1931) nous livre le portrait riche et pénétrant d’un homme et d’un artiste, dont le caractère autobiographique est patent.
Traduction du tchèque par Claudia Ancelot.


Jiri Kolar, Poèmes du silence, la Différence, 1988.
Ce livre présente un choix de l’œuvre poétique réalisée par le poète et plasticien Jiri Kolar (1914-2002) entre 1959 et 1964.
Traduction du tchèque par Erika Abrams.


Jiri Kolar, Le Foie de Prométhée: journal 1950, la Différence, 1985.
Suite du journal. Près de 25 ans après le coup de Prague, l’auteur, peintre et écrivain, nous donne à lire une année de mots où la poésie, les rêves, les témoignages, les coupures de journaux forment un collage très surréaliste.
Traduction du tchèque par Erika Abrams.

À lire aussi
: Témoin oculaire: journal 1949 la Différence 1984.


Josef Skvorecky, Les Pouvoirs surnaturels du lieutenant Boruvka, Ed. de l’Aube, 1999.
Prague, 1968. Le lieutenant Boruvka est moche et gros, la cinquantaine ébouriffée par une houppe de cheveux indomptable. Honnête et bien élevé, il n’a qu’un seul défaut: il aime mater les jolies filles et ne s’en prive pas, notamment au cours de ses enquêtes menées d’une main de maître. Mais là, encore un problème: c’est parfois si triste de trouver les coupables! Un roman drôle et cynique de Josef Skvorecky (né en 1924). Traduction du tchèque par Edouard Diaz.
Jachym Topol, Missions nocturnes, R. Laffont, 2002.
Alors que les chars soviétiques entrent dans Prague et que leur père, dissident, se cache, Ondra et son jeune frère se retrouvent dans un petit village de la campagne tchèque, livrés à eux-mêmes. Inconscient de la portée des événements, confronté aux compromissions et aux lâchetés des adultes qui acquiescent tacitement au chaos d’un monde qui se défait, Ondra cherche à entretenir pour son petit frère l’illusion que tout va bien tandis que s’achève pour lui le temps de l’innocence. Magnifique évocation par Jachym Topol (né en 1962) des constructions et des fantômes de l’enfance.
Traduction du tchèque par Marianna Canavaggio.


Jachym Topol, Ange exit, J’ai lu, 2002.
Les tribulations de Jatek, jeune drogué dont la vie oscille entre folie et hallucination, vont le conduire des ateliers ouvriers de la banlieue praguoise à l’hôpital psychiatrique, de la petite pègre de Prague à la galère parisienne. Au milieu de ce monde de désespoir, il rencontre pourtant une jeune femme, grâce à laquelle il entreprend de remonter la pente vers la rédemption finale. Traduction du tchèque par Marianne Canavaggio.


Jan Trefulka, Séduit et abandonné, Gallimard, 1990.
Un roman ironique de Jan Trefulka (né en 1929) où le héros est un homme séduit, par la religion, par l’utopie du marxisme, par une femme, par des hommes, et abandonné, par tout et par tous.
Traduction du tchèque par Barbora Faure.


Avigdor Dagan, Les bouffons du roi, Folies d’encre, 2006.
Traduit du tchèque par Claudia Ancelot
Épuisé depuis des années, ce roman enfin réédité raconte le harcèlement moral de quatre juifs torturés par des nazis plus sadiques que jamais qui les ont choisis pour animer le cirque du camp de concentration et divertir ainsi leurs hôtes. Agigdor Dagan est un des plus talentueux écrivains de sa génération. Né dans une famille juive de la Bohême de l’est, il quittera la Tchécoslovaquie communiste pour se réfugier en Angleterre durant la Seconde Guerre Mondiale, avant de s’exiler finalement en Israël. Il reste connu pour sa traduction des Psaumes et son appréhension très subtile de l’œuvre de Kafka — écrivain auquel il consacra un essai.



Milan Kundera (né en 1929)


Milan Kundera, Le Livre du rire et de l’oubli, Gallimard, 1987.
Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différentes parties se suivent comme les différentes étapes d’un voyage qui conduit à l’intérieur d’un thème, à l’intérieur d’une pensée, à l’intérieur d’une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l’immensité. C’est un roman sur Tamina et, à l’instant où Tamina sort de la scène, c’est un roman pour Tamina. Elle est le principal personnage et le principal auditeur et toutes les autres histoires sont une variation sur sa propre histoire et se rejoignent dans sa vie comme dans un miroir. C’est un roman sur le rire et sur l’oubli, sur l’oubli et sur Prague, sur Prague et sur les anges. Milan Kundera.
Traduction du tchèque par François Kérel.


Milan Kundera, L’Ignorance, Gallimard, 2005.
Lorsqu’Irena retourne à Prague suite à la chute du communisme, après vingt ans passés à Paris, elle tente de renouer avec ses amis d’autrefois. De même Josef, Tchèque exilé en Scandinavie, retrouve sa famille et ses souvenirs de jeunesse. Mais pour Irena comme pour Josef, se pose la question
: comment rétablir le contact avec ceux qui sont restés au pays, pour lesquels ils sont devenus quasiment des étrangers? Comment les intéresser à la vie qu’ils ont reconstruite loin de leur pays natal? Les destins d’Irena, de sa mère et de son mari Gustaf se mêlent à ceux de Josef et de Milada.


Milan Kundera, L’Insoutenable légèreté de l’être, Gallimard, 1989.
Plus que les autres romans de Kundera, celui-ci est un roman d’amour. Tereza est jalouse. Sa jalousie, domptée le jour, se réveille la nuit, déguisée en rêves qui sont en fait des poèmes sur la mort. Sur son long chemin, la jeune femme est accompagnée de son mari, Tomas, mi-don Juan, mi-Tristan, déchiré entre son amour pour elle et ses tentations libertines insurmontables. Le destin de Sabina, une des maîtresses de Tomas, étend le tissu du roman au monde entier. Intelligente, asentimentale, elle quitte Franz, son grand amour genevois, et court après sa liberté, d’Europe en Amérique, pour ne trouver à la fin que « l’insoutenable légèreté de l’être ». En effet, quelle qualité — de la gravité ou de la légèreté — correspond le mieux à la condition humaine
? Et où s’arrête le sérieux pour céder la place au frivole, et réciproquement? Avec son art du paradoxe, Kundera pose ces questions à travers un texte composé à partir de quelques données simples mais qui s’enrichissent constamment de nouvelles nuances, dans un jeu de variations où s’unissent récit, rêve et réflexion, prose et poésie, histoire récente et ancienne. Jamais, peut-être, chez Kundera, la gravité et la désinvolture n’ont été unies comme dans ce texte. La mort elle-même a ici un visage double: celui d’une douce tristesse onirique et celui d’une cruelle farce noire. Car ce roman est aussi une méditation sur la mort: celle des individus mais, en outre, celle, possible, de notre vieille Europe. Traduction du tchèque par François Kérel.


Milan Kundera, La Plaisanterie, Gallimard, 1987.
"Oui, j’y voyais clair soudain: la plupart des gens s’adonnent au mirage d’une double croyance: ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L’une est aussi fausse que l’autre. La vérité se situe juste à l’opposé: tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l’oubli. Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés". Extrait. Traduction du tchèque par Marcel Aymonin.


Milan Kundera, La Valse des adieux Gallimard, 1978.
Dans une ville d’eaux au charme suranné, huit personnages s’étreignent au gré d’une valse qui va s’accélérant: une jolie infirmière; un gynécologue fantaisiste; un richard américain (à la fois saint et don Juan); un trompettiste célèbre; un ancien détenu, victime des purges et sur le point de quitter son pays… Un « songe d’une nuit d’été ». Un « vaudeville noir ». Les questions les plus graves y sont posées avec une blasphématoire légèreté qui nous fait comprendre que le monde moderne nous a privés même du droit au tragique.



Itinéraires praguois


Jan Zabrana, Toute une vie, Allia, 2005.
Dans ces extraits choisis du journal intime de Jan Zabrana (1931-1984), l'écrivain relate la période de normalisation politique imposée en 1969 après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie. L’écrivain témoigne des années précédant le printemps de Prague mais également de sa persécution quotidienne et de ses rapports avec les comités de censure.
Traduction du tchèque par Patrik Ourednik & Marianne Canavaggio.


Vaclav Jamek, Traité des courtes merveilles, Grasset, 1989.
« […]
Ce Traité des courtes merveilles, au genre indéfinissable (récit, essai, poème), à la construction déconcertante et enchevêtrée, porte d’abord la confession sans honte d’un homosexuel. Trois silhouettes d’hommes, à Paris et à Prague, traversent le livre. À ces histoires de cœur passionnées, se mêlent les expériences opposées que Vaclav Jamek (né en 1949) possède de Prague, la maléfique, et de Paris, l’arrogante. Il ne peut se résoudre à fuir la première et reviendra de lui-même se prendre au piège. La veille de son second départ, il la parcourt dans ses hauts lieux et ses bas-fonds. L’absence de la statue de Staline, déboulonnée en 1962, plane sur la ville. Mais Jamek a vu mieux, lors d’une visite de Kossyguine, premier ministre de l’URSS, sur la place Venceslas: l’image d’un potentat tellement cerné par ses sbires qu’il était devenu l’esclave de l’esclavage qu’il avait fait régner. Après tant de malédictions lancées contre Prague, cette vision lui arrache ce cri: Ah! garce, me serais-je douté que je me trouverais si fier soudain, ému de ma ville, dont le moindre pan de mur a ce pouvoir de vous dépouiller devant la vérité. […] » (d’après Jacqueline Piatier, Le Monde, 13 septembre 1989.)
Omar Mounir, Madame Paris-Prague Cheminements, 2005.
Dans les années vingt, chassé par la pauvreté, un jeune couple tchèque échoue en France, à Nevers, avec sa petite fille. Le père volage abandonne bientôt le foyer. Généreuse et courageuse, la mère fait face, recueille, soigne puis épouse un grand blessé de guerre de son pays. Ils s’installent à Paris. À la Libération, l’installation d’un nouveau régime à l’Est fait espérer à la famille des jours meilleurs. Mais dès leur arrivée à Prague, on les enferme dans un camp de concentration. Artur London, compagnon de résistance, les tire de ce mauvais pas. Plus française que tchèque, la jeune fille aspire à regagner Paris. On lui refuse la sortie du pays. Elle fait alors carrière à Radio Prague Internationale. On s’attache à cette femme deux fois confrontée au totalitarisme et l’on découvre avec effroi la vie imposée à ces malheureuses populations auxquelles on prédisait un avenir radieux, cette vie de tous les jours rongée par la peur et désespérante de bêtises. Un témoignage unique.



Derniers avatars de l’inquisition: regards sur les archives du P.C.


Karel Kaplan, 1952, procès politiques à Prague, Complexe, 1990.
La vague des procès politiques des années 1948-1954 atteint son point culminant dans le jugement du « Centre de conspiration anti-État dirigé par Rudolf Slansky », en novembre 1952. Au banc des accusés, les propres fondateurs du régime communiste de ce pays et les tenants du pouvoir — Slansky étant le secrétaire général du P.C. tchécoslovaque. L’auteur analyse la grande vague de ces procès politiques avec une attention particulière pour celui du « Centre », et retrace l’histoire de leurs évolutions successives. Il s’arrête longuement sur les réactions de l’opinion publique, aussi bien en Tchécoslovaquie qu’à l’étranger. Ancien responsable dans l’appareil du P.C. tchécoslovaque, Karel Kaplan eut le privilège de pouvoir faire des recherches approfondies dans les archives du comité central et à d’autres sources, généralement inaccessibles et classées « strictement confidentiel ».


Artur London, L’Aveu: dans l’engrenage du procès de Prague, Gallimard, 1986.
Vice-ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie depuis 1949, Artur London est arrêté en janvier 1951, en même temps que le ministre Clementis, et jugé dans le procès dit du « Centre de conspiration contre l’État dirigé par Slansky ». Condamné aux travaux forcés à perpétuité, réhabilité en 1956, il est un des trois rescapés des seize coaccusés du procès de Prague, qui rappelle à tous égards les procès de Moscou. L’Aveu est le récit du mécanisme impitoyable qui broya les meilleurs militants du mouvement révolutionnaire dans l’engrenage au jour le jour de l’auto-accusation.


Karel Bartosek, Les Aveux des archives: Prague-Paris-Prague, 1948-1968, Seuil, 1996.
1989 : les archives du comité central du Parti communiste tchécoslovaque sortent du secret absolu où elles étaient classées. Karel Bartosek, historien et écrivain, contestataire du printemps de Prague, découvre là dossier après dossier, que Prague a été pendant des décennies la base arrière des partis communistes français et italien: une exploration et une réflexion menées sur ces archives inédites.



le Printemps de Prague


1968, le printemps tchécoslovaque, Complexe, 1999.
Une vingtaine d’auteurs se penchent sur le contexte historique du printemps de Prague, le système politique alors en place ainsi que des enjeux internationaux qui présidèrent à son éclosion. Les événements tchécoslovaques de 1968 constituent un des moments-clés de l’histoire du communisme. La libéralisation politique se traduit par un effort réformiste de la nouvelle direction, avec Alexander Dubcek à sa tête, soutenue par de larges couches de la population. Malgré ses apparences tranquilles, cette déstalinisation tardive est aussi une révolution. Ceux qui la soutiennent croient à une troisième voie, entre le capitalisme et le socialisme à la soviétique. Que reste-t-il aujourd’hui du Printemps de Prague
? Quels parallèles peut-on établir avec la perestroïka de Gorbatchev? Quelles sont les dernières révélations des archives ouvertes après 1989? L’échec de cette tentative de réforme et l’effondrement du communisme ont-ils définitivement anéanti la possibilité d’un autre modèle de société ? Les protagonistes, les témoins privilégiés, les historiens et les politologues se penchent trente ans après sur le socialisme à visage humain qui fut la dernière utopie du communisme, soucieux de rétablir la vérité historique au-delà de ses « mythisations » ou occultations.

Petr Kral, Prague, 1968, Centre national de la photographie,1990.
Le 22 août 1968. À l’aube. Les tanks russes déferlent sur Prague. C’est la fin du Printemps. La fin d’un rêve. Entre les soldats soviétiques et les habitants d’une ville en état de siège, tout dialogue est impossible. La violence ne cessera d’enfler. Ces folles journées d’été, ce drame d’un peuple bafoué, Josef Koudelka les a vécus. Mais il est plus qu’un reporter en quête d’images
: il est l’un de ceux qu’il photographie. Il n’est pas un témoin de l’Histoire. Cette histoire est la sienne. Photographies Josef Koudelka (né en 1938).


Mlynar Zdenek, Le Froid vient de Moscou: Prague 1968, du socialisme réel au socialisme à visage humain, Gallimard, 1981.
Traduction de l’allemand par Guy Fritsch-Estrangin & Jeanne-Marie Gaillard-Paquet.


Paul Celan, Partie de neige, Seuil La librairie du XXIe siècle, 2007.
Édition bilingue. Traduit de l’allemand par et annoté par Jean-Pierre Lefebvre.
Ces poèmes, restés inédits jusqu’à la mort de l’écrivain, étaient les poèmes de 1968. L’esprit de révolte est là, qui se retrouvera dans la poésie de Celan jusqu’à son dernier souffle. Influencé par la révolte étudiante et l’insurrection du printemps de Prague, le recueil est accompagné de notes sur la genèse des écrits et leurs commentaires.
Extraits: JADIS DE DEBAUCHE.
Et d’éternité
babélée de noir-sang. Engluée sous la coulée de tes boucles de glaise, ma croyance. Deux doigts, loin de la main, gagnent à la rame la serment tourbeux.

Photographie

Prague panoramique: à travers les collections du Musée des arts décoratifs de Prague Maison européenne de la photographie (2002) Exposition. Paris, Paris audiovisuel — Maison européenne de la photographie, 2002.
Cet ouvrage présente des photographies panoramiques de Prague prises par Joseph Sudek dans les années 50. Elles proviennent des collections du musée des Arts décoratifs de Prague qui conserve tous les négatifs et les positifs de Sudek, offerts par sa sœur, son héritière.


Joseph Sudek, Phaidon, 2001.
Cet ouvrage présente l’œuvre de ce photographe tchèque à travers 55 de ses images, accompagnées de brefs commentaires. Joseph Sudek (1896-1976) fait partie de la création pragoise entre 1900 et 1925
: il photographie les parcs de Prague et ceux de Kolin, rencontre l’architecte Rothmayer et photographie son jardin, travaille avec le designer Sutnar, collabore au journal Volné Smery. En 1940, il s’enferme dans son atelier et photographie de nombreuses natures mortes.

Petr Sindelar & Luca Pedrotti, Prague 360° Boussole, 2006.
Photographies Luca Pedrotti
traduit du tchèque par Céline-Marchand Fretay Voici une incursion photographique à 360° dans la cité de Prague, partagée entre les vestiges de l’ancienne Europe et les nouveaux quartiers, qui fleurissent ça et là comme pour dire un incroyable désir de modernité.

Théâtre

Denis Bablet, Josef Svoboda, l’Age d’homme, 2004.
Soixante ans de théâtre… Josef Svoboda, né en 1920, s’est éteint en avril 2002. Architecte et scénographe, il commence à travailler au théâtre en 1943, collabore avec Alfréd Radok et Otomar Krejca au Théâtre national de Prague. L’histoire du Théâtre za branou (Théâtre derrière la porte) fondé en 1965 par Krejca est inséparable du nom de Svoboda. En 1958, il présente à Bruxelles la Laterna magika et développe le principe du « polyécran » qu’il a inventé. Svoboda était fasciné par la musique (il a signé de nombreux décors d’opéras) et par la lumière dont il a fait l’un des principaux éléments de ses scénographies. Bricoleur et ingénieur, il a su s’intéresser aux technologies modernes des images et du son, sans jamais cesser de penser la présence de l’acteur dans des espaces magiques. Denis Bablet a fait connaître en France l’œuvre de Josef Svoboda. Cet ouvrage traite de son activité jusqu’en 1970. Il est complété, pour cette réédition, par une iconographie et une chronologie qui prennent en compte la totalité de l’œuvre immense (près de 700 titres) de ce grand scénographe tchèque de réputation internationale.



G. Normalisation: devoir de mémoire et modernité, l’après 89



C’est à présent une ville qui pour la première fois ouvre les yeux sur son héritage, considérable, et qui dans le contexte contemporain réalise sa valeur - sa valeur marchande aussi - et apprend vite à la vendre (diront encore les mauvais esprits). Mais l’enchantement praguois séduit, un tourisme « intello » revivifie ce qui n’est plus alors un mythe mais une histoire à méditer pour notre futur.


Littérature


Pierre Cendors, L’Homme caché, Finitude, 2006.
Endsen, romancier et poète, a disparu à Prague dans de troubles circonstances, en 1984 pour les uns, en 1991 pour les autres. A-t-il été un opposant au régime communiste? A-t-il simplement disparu pour protéger ses proches? Est-il mort ou a-t-il secrètement pris le train pour une ville inconnue?


Sylvie Germain, La Pleurante des rues de Prague, Gallimard, 1994.
Cette inconnue, qui donc est-elle
? Une vision, elle-même porteuse, semeuse de visions. Une vision avare de ses apparitions. Elle ne s’est montrée que peu de fois, et toujours très brièvement. Mais chaque fois sa présence fut extrême. Une vision liée à un lieu, émanée des pierres d’une ville. Sa ville. — Prague. Jamais elle n’a paru ailleurs, bien que certainement elle en ait le pouvoir. Cette femme n’a ni nom, ni âge ni visage. Peut-être en a-t-elle, mais elle les tient cachés. Son corps est majestueux, et inquiétant. Elle est immense, une géante. Et elle boite fortement. Extrait.


Daniela Hodrova, Cité dolente (vol. 2) Les Chrysalides, R. Laffont, 1995.
Jeu de métamorphoses, où le passé se mêle au présent, où les objets s’animent, où les vivants croisent les morts, ce roman qui fait suite au Royaume d’Olsany, épuisé pour le moment, et précède le dernier tome de la trilogie de Daniela Hodrova (née en 1946), est encore celui de Prague et de ses magies. Traduction du tchèque par Catherine Servant.

À lire aussi
: Cité dolente vol.3 R. Laffont 1999.


Ivan Klima, Esprit de Prague, Rocher, 2002.
Ivan Klíma a connu les horreurs de l’occupation nazie pendant la guerre (c’est au camp de concentration de Terezín qu’il a commencé d’écrire)
; les régimes staliniens des années 50; les fastes du Printemps de Prague (il était alors le rédacteur en chef de la revue littéraire la plus importante de Tchécoslovaquie); la désespérante invasion soviétique de 1968; l’audacieux courage des membres de la Charte 77; le triomphe de la révolution de Velours de 1989; l’incertitude, enfin, qui a suivi la partition officielle de son pays. Ce recueil d’essais couvre cinq décennies décisives dans l’histoire de la Tchécoslovaquie. Dans celui qui a donné son titre au recueil, Klima évoque l’esprit de la ville qui l’a formé et nourri, cet esprit ironique, cultivé, forgé par l’adversité mais toujours vibrant d’espoir, qui s’incarne chez ses héros, Kafka, Hasek, Havel; cet esprit qui confère à ses cinquante années d’écriture un ton, un regard qui sont uniques. Traduction de l’anglais par Béatrice Dunner.


Ivan Klima, Un Été d’amour, Seuil, 1991.
David Krempa, biologiste praguois, est obsédé par son métier. Sa femme et sa fille existent tout juste à la périphérie de sa vie. Pour cette raison, il n’a jamais levé les yeux sur une autre femme. Pourquoi s’attarde-t-il, cette fois-ci, sur une jeune fille rencontrée par hasard à un enterrement
? La force de ce récit d’un épisode banal et courant tient dans son traitement subtil et juste. Traduction du tchèque par Milena Braud.


Tomas Kolsky, Ruthie ou La Couleur du monde, Ed. de l’Olivier, 2005.
Lors d’un court séjour en Israël, à l’époque de la deuxième Intifada, Shlomo rencontre Ruthie, dont il tombe amoureux. Jeune Juif de Prague, il est venu à Jérusalem suivre des cours d’hébreu dans une Académie. En dépit de ses efforts, il rentre à Prague sans avoir pu vraiment l’approcher. Une nuit, dans les vapeurs d’un narguilé, il entre en communication avec un esprit féminin, Djinnie, qui a décidé d’élire domicile dans sa tête. Elle lui raconte comment elle s’est laissé convaincre par les islamistes de se transformer en bombe humaine, et lui promet la chose suivante
: "Quand bien même tu viendrais à quitter le droit chemin, le monde restera coloré à tes yeux, comme tu l’aimes, j’en fais mon affaire et tu pourras le montrer tel aux autres, afin que ceux-ci l’aiment à leur tour". Kolsky enroule les aventures amoureuses et les pensées du narrateur dans une spirale qui brouille délibérément les repères et nous plonge dans un univers foisonnant, où gravité et dérision sont intimement mêlées. Traduction du tchèque par Xavier Galmiche.


Libuse Monikova, La Nuit de Prague, Hachette Littératures, 1997.
Après vingt ans d’exil, une femme, danseuse, chorégraphe, revient à Prague, sa ville natale. Comment retrouver ce lieu d’enfance et d’adolescence, à la fois familier et étrange
? Au cours de rencontres émouvantes et déconcertantes, les souvenirs affluent, sources d’évocation satirique et burlesque du régime policier antérieur à la Révolution de Velours (1989). Dans le froid de décembre, l’héroïne éprouve des sentiments mêlés. Commence alors une hésitante histoire d’amour, inaugurée par un double bain forcé dans l’eau glaciale de la Vltava. Images de Prague où se croisent deux époques, souvenir d’un régime absurde, romance paradoxale: un récit doux-amer qui se lit avec délices. Traduction de l’allemand par Nicole Casanova.


Karel Pecka, Passage, Ed. de l’Aube, 1995.
Ce roman met en scène un sociologue pragois surchargé d’obligations professionnelles. Un jour, il entre dans une galerie marchande début de siècle, déambule dans les diverses allées et rencontre des personnages étranges et symboliques de cette société. Ce livre de Karel Pecka (1928-1997) se lit comme un polar aux développements imprévisibles et présente une allégorie frappante de la Tchécoslovaquie d’hier.
Traduction du tchèque par Barbara Faure.


Vlastimil Tresnak, On ne parle pas la bouche pleine, Esprit des péninsules, 2000.
Belka et Grundza, protagonistes de la première des trois nouvelles composant ce recueil, sont livreurs de charbon à Prague. Les journées sont dures mais ils sont prêts à tout, quitte à dépenser le butin de tout une journée, pour passer la nuit en compagnie de deux blondes… Le narrateur de la seconde nouvelle, excelle dans l’art de la palabre. Il raconte dans un cocasse soliloque l’improbable rencontre dans un cimetière pragois entre deux cortèges de pleureuses se lamentant sur deux défunts homonymes
:«… votre Bohumil Prochazka, au moins, c’était un homme convenable, maintenant qu’on a tellement gémi sur son compte? » Le dernier récit prend pour héros un vieux marchand de tapis juif auquel une ancienne synagogue sert d’entrepôt. Traduction du tchèque par Marianne Canavaggio.


Tecia Werbowski, Ich bin Prager, Allusifs, 2003.
En 1957, Sacha Bell, jeune Anglais d’ascendance russe, s’installe à Prague. Cet homme pourrait vivre ailleurs, mais il choisit d’embrasser le destin tourmenté du peuple tchèque et se lie avec les dissidents et les bannis venus de l’étranger. À travers l’aventure singulière de Sacha, ce roman suscite une nature révolutionnaire de la nationalité, la libérant de la tyrannie du sang pour en faire une fraternité choisie, transcendante, scellée par la douleur humaine.
Traduction du polonais par Élisabeth Van Wilder.


Tecia Werbowski, Prague, hier et toujours, Allusifs, 2002.
Est-ce que l’amour pour la femme d’un meilleur ami peut pousser quelqu’un jusqu’à la dénonciation
? Oui. Est-ce que l’amour et la politique se marient bien? Qui, mais c’est cause de complications. Est-ce qu’il y a une ville plus belle que Prague? Non. Tecia Werbowski, née à Lwow, en Pologne, bien connue depuis la publication du récit Le mur entre nous, en 1995, vit alternativement à Montréal et à Prague, et nous offre ici son quatrième roman. Traduction de l’anglais par Élisabeth Van Wilder.


Petr Kral, Enquête sur des lieux, Flammarion, 2007.
Ami de Milan Kundera, qui préfacera notamment Notions de base, P. Kral emmène ici le lecteur à la découverte de lieux tous aussi différents les uns que les autres.
Pourtant, il cherchera la loi secrète qui les relie entre eux aux yeux de l’explorateur. Ainsi, qu’y a-t-il de commun entre un terrain vague et une maison familiale, entre Montmartre et Prague? Entre fantasme et réalité, aux confins de notre perception du monde, Kral traque le lien intime qui unit le lieu à l’œil de celui qui le visite, cherchant dans notre sensibilité l’existence d’une loi qui gouvernerait l’ordre des choses.


Expériences de Prague

Eugène Green, Le Présent de la parole, Melville, 2004.
Le Présent de la parole a pour thème central le cinéma. Bien que chaque pièce ait une existence indépendante, l’ensemble est conçu comme un essai, au sens de Montaigne: atteindre l’universel à partir de l’expérience personnelle. Eugène Green a choisi Prague comme fil directeur des Lieux Communs. Revenu dans cette ville après une longue absence, l’auteur est à la recherche d’une parole qui rendrait sensibles les soubresauts de l’Histoire et la beauté des lieux. Reflet d’un cheminement intérieur, ce recueil témoigne d’une réflexion sur les pouvoirs de la poésie en tant qu’incarnation sonore du monde.
Isabelle Knor, Prague, avec toute ma tendresse, Ed. de l’Aube, 1999.
La Zmrzlina, la Poutko, le Knedlik, mais aussi la statuaire une demande en mariage, le pont Charles… Autant de petites merveilles qui font la magie de Prague, qui sont Prague. Cette ville où il fait si bon se perdre en tours et détours, sous la neige (la plus silencieuse du monde) ou le soleil qui révèlent, selon leur humeur, l’éternelle beauté d’une ville. Les nouvelles de la franco-tchèque Isabelle Knor dévoilent avec humour et légèreté ces petits tiens — culinaires par exemple — qui donnent une dimension humaine à cette ville de rêve.

Danièle Sallenave, Passages de l’Est: carnets de voyages, 1990-1991, Gallimard, 1992.
Romancière voyageuse, Danièle Sallenave (née en 1940) est partie à la découverte des villes d’Europe centrale, de Prague en particulier. Prague.
«
Je me suis arrêtée sur le trottoir mouillé, je relève mon col en surveillant de l’œil l’arrivée d’un convoi de nuages chargé de pluie; je tâte dans ma poche des tickets de bus. Par les fenêtres voilées d’un café, des têtes se découpent sur un fond de lumière orange et un bruit de musique disco. De l’entrée d’un immeuble parvient une odeur de viande bouillie, de charbon, de chou, de vieux linge, je passe. Je vais vers le fleuve et les ponts. Les premières lumières s’allument. La brume au-dessus de l’eau, chargée de jaune et de bleu par les échappements acides, sert de fond aux architectures de nuages qui doublent de leur fugitive et menaçante matérialité les coupoles, dômes, tours Renaissance et flèches noircies. Un tram remonte en grinçant la rue Nationale, vidée par le dimanche, brillante et noire après la pluie. Les nuages qui roulent au-dessus du toit doré du Théâtre parlent d’orages lointains, d’invasions, de guerre; ils éveillent en moi l’idée d’une résistance impossible et désespérée. Est-ce que je ne ferais pas mieux de partir? Qu’est-ce que je fais là? Je pourrais être en ce moment à Rome, monter la douce courbe du Pincio; ou chez moi, place d’Aligre, dans un café somnolent. Mais non, je suis là. C’est là que je dois être. »


Christian Datz & Christof Kullmann, Prague: architecture and design, Te Neues, 2005.
L’image de Prague est marquée par de remarquables édifices historiques. Les dix dernières années ont vu en outre l’émergence de nombreux projets importants. Cet ouvrage présente en 192 pages des concepts d’habitation, des bureaux, des bâtiments publics innovants et les designs intérieurs d’hôtels, de restaurants et de boutiques, ainsi que le réaménagement des bâtiments historiques. 75 travaux d’architectes connus comme Ricardo Bofill, mais aussi de jeunes designers tchèques, y sont présentés.


À lire aussi
: Prague Könemann, coll. Guide d’architecture contemporaine, 1997.