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LIEUX SECRETS ET NOIRS FANTASMES 1

ANTHOLOGIE DE NOUVELLES FANTASTIQUES

écrites par des élèves de 4e




Toujours aux frontières incertaines du réel et de l’imaginaire,
nous marchons sur le fil du rasoir,
et savourons les fruits défendus du rêve et des métamorphoses,
même si parfois l’écriture matérialise sur la feuille
une vision d’épouvante !

Magie de l’encre et du papier…
Un peu écrivains, un peu lecteurs des écrivains,
terriblement lecteurs de nous-mêmes,
et voyeurs d’images qui jouent avec les peurs des adultes
et que nous tentons, nous aussi, d’apprivoiser…

Nos textes sont ici, bien prêts à incarner nos angoisses
et à nous faire entrevoir ce qui se cache là,
dans nos têtes et dans le papier, au bout de la plume,
dans les raclures de gomme,
les mâchouillis du stylo,
et qui naît soudain des mots et des hésitations.
Le texte, ici, écrit à l’encre noire.
Pour nous.
Pour vous.

Présentation par ordre alphabétique des titres



ARTICLE D’OUTRE TOMBE

Je suis journaliste dans un petit journal de New York au bord de la faillite. Pour le sauver, il fallait que je fasse paraître, dans les quinze jours, ce que l’on pourrait appeler un article du tonnerre. J’avais plein d’idées, mais qui n’auraient sans doute aucun succès. Il fallait que cet article fasse peur ; il fallait qu’il choque les lecteurs, qu’il leur évoque l’existence de quelque chose de terrible ou plutôt… de quelqu’un. Et c’est cette phrase, que je venais de me dire : l’existence de quelque chose ou plutôt de quelqu’un, qui me fit réfléchir et qui ferait désormais le sujet de mon article.
Il est 9 heures, je suis assis sur mon divan pour me détendre en coupant une pomme. Tout en réfléchissant, je fis un faux mouvement qui me coupa au doigt. Je regardais ce sang d’un rouge brillant et foncé qui glissait sur mon doigt. Je me demandais si le destin ne m’avait pas forcé la main. Le sang : la seule nourriture indispensable à la vie de ces personnes hors du commun et sorties de la nuit : les vampires. Je n’avais pas peur de ces êtres qu’on voit la plupart du temps à la télévision, comme
Le Comte Dracula ou tous les films de ce genre.
Il n’y avait plus une minute à perdre, j’allai enfin enquêter pour savoir si cette légende était vraie. Je croisai les doigts pour qu’elle le soit.
Je partis immédiatement pour l’aéroport où je pris un billet pour la Transylvanie. Plus précisément pour la ville de Alsbourg. J’étais parti comme ça, sans rien dire à mon chef, ni à mes collègues. Je tournai la tête autour de moi, et je n’aperçus qu’un vieil homme bossu, un curé, trois femmes toutes brunes, plus belles les unes que les autres, mais avec un visage sinistre et qui ne me paraissaient pas très accueillantes, et une hôtesse. Mais je m’intéressai davantage à lire un livre sur les vampires que j’avais emprunté à la bibliothèque du quartier. J’arrivai enfin sur place après huit heures de vol. Aussitôt arrivé à l’aéroport, je pris un taxi pour aller en ville. Là-bas, je retrouvai le curé, que j’allai voir et à qui je dis :
« Bonjour mon père, excusez-moi de vous déranger, mais je voudrais savoir où se trouve le château de Alsbourg. »
Il me répondit d’un air étonné :
« Il faut suivre le chemin qui coupe la forêt, et normalement, vous devriez l’apercevoir. Il vous restera alors environ six kilomètres. Mais que voulez-vous y faire ? »
Je lui répondis :
« Je voudrais séjourner quelques jours pour faire un article de journal sur une légende qui traîne au sujet des habitants du château.
— Vous feriez mieux de prendre ceci avec vous. » Il me donna un flacon d’eau que je supposai bénite et un pendentif en forme de croix accroché à une chaîne. Il me dit encore :
« Vous devriez vous procurer un pieu et un miroir ; on ne sait jamais : cela pourrait vous servir. » Je le remerciai de ses conseils et de ses présents.
Je commençai réellement à croire à ces histoires de vampires, mais je n’avais pas encore la certitude de leur existence. Je ne tardai pas à trouver une boutique d’antiquités dans laquelle j’achetai à prix d’or le seul miroir que je trouvai ; il était cerclé d’or et serti de pierres précieuses et valait bien son prix. Au moins, j’aurais un souvenir de ce voyage, si j’en revenais.
J’allai dans une auberge pour prendre un repas avant mon départ. Dans l’auberge, toutes les conversations s’arrêtèrent dès mon entrée ; de toute évidence, les gens du coin ne portent pas les étrangers dans leur cœur. Mais cela ne me coupa pas l’appétit, d’autant plus que l’odeur de la cuisine était très alléchante.
Après mon repas, je m’approchai du comptoir et demandai à l’aubergiste s’il était possible de lui acheter de l’ail — j’en avais senti dans les sauces de mon repas — car j’avais vu dans le livre de la bibliothèque que cela pourrait m’être utile en cas de danger.
Quoi qu’il en fût, je repris ma route, je longeai le chemin à travers la forêt et deux kilomètres plus loin, je tombai nez à nez avec une diligence noire qui ne m’inspira pas confiance.
Tout à coup, la porte s’ouvrit toute seule sans que personne y touche. Je continuai mon chemin en pensant que la fatigue me jouait des tours, mais une force m’entraîna à entrer dans le véhicule. Je m’assis et l’engin avança. Je ne savais pas ou j’allais. Je décidai alors d’attendre l’arrivée à destination. Pendant ce temps, j’entendais le claquement des sabots des chevaux, puis, plus rien. Je ne savais pas ce qui se passait car les vitres étaient masquées. Je ne voyais rien, ou plutôt si, juste le décor intérieur de la diligence qui était tapissée d’une matière d’un rouge brillant qui m’était inconnue. À côté de moi, une tablette de bois portait un gobelet en or dans lequel je vis un liquide que je supposai être du vin. Mais je n’y touchai pas. On ne sait jamais : si quelqu’un essayait de m’empoisonner !
Enfin le véhicule s’arrêta, la porte s’ouvrit et je descendis. Les premières choses qui attirèrent mon attention furent la nuit et le brouillard, alors qu’avant d’entrer dans la diligence, il faisait jour. J’aperçus au loin un cimetière. Devant moi se tenait un château qui devait être celui de Alsbourg. Je le contemplai longuement, puis soudain j’entendis hennir l’un des chevaux. Je m’aperçus alors qu’ils étaient devenus vieux et faibles. Je m’avançai vers la grille de fer qui protégeait l’entrée du château en me demandant ce qui était arrivé à ces bêtes. À peine avais-je atteint la grille qu’elle se releva. En revanche la porte qui se trouvait derrière restait close. Tandis que je cherchais à ouvrir la porte, j’aperçus à mes pieds une inscription gravée sur une dalle. Voici ce que je réussis à déchiffrer à la lumière de la pleine lune :
« Méfie-toi des dents de celui qui s’est allié au diable. »
Ce message me laissa perplexe, mais je sentais qu’il était important. J’étais en train de réfléchir à sa signification quand la porte s’ouvrit en grinçant. Je découvris alors une vaste salle éclairée par des torches accrochées aux murs. Je ne perdis pas de temps et m’engageai immédiatement. Au moment où j’entrai dans celle-ci, un homme vêtu de noir se tenait devant moi. Je lui expliquai succinctement la raison de ma présence. Il me répondit, énigmatique :
« Je sais.
— Comment pouvez-vous le savoir ?
— Mon maître me l’a dit.
— Pouvez-vous me conduire à lui ?
— Veuillez me suivre. »
Sur ces mots, il s’engagea dans un corridor éclairé par des torches, tout comme le hall d’entrée. Il ne m’inspirait pas confiance et je me tins sur mes gardes pendant tout le trajet, au bout duquel nous atteignîmes une porte couleur rouge sang pourvue d’une poignée en or.
— C’est ici, dit-il.
Il ouvrit la porte et je le surpris à sourire. Je remarquai alors que ses dents blanches avaient quelque chose d’étrange : ses canines étaient deux fois plus longues que la normale. Cette vision me fit une peur bleue. Mon seul réflexe fut de plonger la main dans ma poche et d’en sortir ce que j’y trouvai, en l’occurrence une gousse d’ail. C’est alors que je repris mon sang froid : je n’aurais aucune chance de m’en tirer de cette manière : il ne manquerait pas d’attirer tous les vampires de ce château. Je décidai donc de laisser la gousse d’ail à sa place et de le précéder.
Je rencontrai alors le maître du château qui m’attendait, assis sur un siège, au bout d’une table sur laquelle étaient installés des couverts. Le maître était brun aux yeux noirs et avait une peau très pâle, sans doute à cause de l’obscurité de ce manoir. Il m’invita à m’asseoir en face de lui. J’obtempérai, de toute façon il était difficile de faire autrement. Je commençai alors mon article :
« Puis-je vous poser quelques questions ?
— Faites donc.
— Comment vous appelez-vous ?
— Comte Richard IV de Alsbourg.
— On raconte des choses à propos de ce château, certains parlent de vampires qui y vivraient. Qu’en dites-vous ?
— J’ai constaté divers faits qui m’ont paru étranges, mais vous jugerez vous-même. Il se fait tard, vous devez avoir faim. Permettez-moi de vous offrir un repas et une chambre pour la nuit.
— Je ne voudrais pas vous ennuyer. »
La vérité, c’est que je commençais à craindre de ne jamais quitter ce château vivant. Je me sentais comme pris au piège.
« Vous ne me gênez point.
— Dans ce cas, j’accepte. »
Une très belle jeune femme entra dans la pièce, par une porte que je n’avais pas remarquée. J’aurais juré que cette porte n’était pas là un instant auparavant. La femme portait un plat en argent et vint nous servir à manger. Je trouvai très étrange qu’elle fût déjà au courant de ma présence et du fait que j’étais invité sur place. La nourriture ne me parut pas très ordinaire, mais je me forçai pour faire bonne impression. Le maître, par contre, avait l’air de l’apprécier.
La femme revint et nous servit un verre de vin. Je remarquai qu’elle n’avait pas pris la même bouteille pour moi que pour le maître : son vin était plus épais que le mien.
Le repas terminé, une autre jeune femme me conduisit à ma chambre. Une fois déshabillé, je m’allongeai sur le lit. Quelques minutes plus tard, j’entendis le vent souffler sur les rideaux et le bois craquer. Puis soudain les deux femmes apparurent devant le lit. Elles laissèrent tomber leurs vêtements et je ne décrirai pas ce qui se passa ensuite. Il devait être minuit quand elles repartirent.
Pendant tout ce temps j’eus peur qu’elles ne me vident de mon sang. Je ne dormis pas de la nuit et je passai tout mon temps à surveiller les bruits du château. Quand ma montre sonna huit heures, le soleil n’était toujours pas levé. Je sortis de ma chambre et descendis l’escalier qui grinçait sous mes pieds à chaque pas que je faisais. Puis, tout d’un coup, l’escalier devint tout lisse, plus de marches. Alors déséquilibré, je glissai, une trappe s’ouvrit du sol et je me trouvai nez à nez avec le propriétaire du château. La pièce où je me trouvais, entièrement isolée, renfermait des cercueils. Mais ce n’était pas cela qui me faisait peur. Le maître avait les yeux emplis de sang ; il était habillé élégamment avec une cape qui le serrait au cou. Et sans rien voir il se jeta sur moi et enfonça dans mon cou ses canines de vampire que je n’avais même pas remarquées auparavant. Je sentis alors les mains du diable prendre mon âme. Puis, je m’enfuis dans une autre pièce en espérant qu’il y eût une fenêtre pour quitter ce château. Mais soudain, je me souvins d’un conseil que m’avait donné le curé : « Procure-toi un pieu, il te sera indispensable. »
Alors, je cassai une branche de l’arbre qui était à côté de la fenêtre et j’en taillai le bout en pointe. Je courais en tous sens avec le pieu que j’avais fabriqué, mon autre main comprimant l’affreuse blessure de mon cou.
Je ne pouvais pas m’enfuir sans tuer tous les vampires qui demeuraient là. Il ne pouvait pas y avoir d’autres victimes de ce pouvoir. Pour me protéger, je plaquai vivement sur la peau ma gousse d’ail. Celle-ci me brûla à l’endroit de la morsure, et comme par enchantement, la peau se referma sur les plaies. Je profitai du sommeil du majordome pour lui enfoncer le pieu dans le cœur. À ce moment-là, l’homme, qui se vidait de son sang, vieillissait à une allure incroyable. Je poursuivis ensuite mon extermination. Les vampiresses couraient après moi, ou plutôt non, elles avaient les pieds décollés du sol. Je finis par sortir de ce château maudit et sans faire attention, je marchai sur la fameuse dalle qui fit refermer la grille en fer sur les vampiresses et qui leur transperça leur cœur. Ces deux femmes moururent du même sort que le majordome.
Il n’y en avait qu’un dont je n’avais pas capturé l’âme : le maître. Mais tout d’un coup, un loup-garou me sauta dessus. Je supposai que cet animal était sans aucun doute le possesseur du château car le si beau miroir que j’avais acheté tomba de ma poche et se brisa sous le regard du monstre. J’étais allongé, par terre, en retenant la mâchoire de cette immonde bête qui allait me dévorer en une bouchée. Mais j’avais toujours mon pieu que j’enfonçai sans hésiter dans la bête. Celle-ci se transforma de nouveau en l’homme qui m’avait mordu et qui mourut.
Maintenant, une seule question se posait : est-ce que mon âme m’appartenait encore ?

Charly et Fabien


BLANCHEUR MORTELLE

Sandrine de Montet, jeune demoiselle française très riche, vient d’acquérir un vieux château en Écosse. Ne connaissant personne dans la région, elle m’invite à passer une semaine dans cette demeure. En arrivant à Scare Town, nous nous sommes rendus chez le notaire.
C’était un homme grand et maigre, il avait un visage fin, souriant, mais son regard était sévère. Il était habillé du kilt traditionnel et il portait un sac de peau en bandoulière. Nous avons discuté longuement, puis il s’est mis à parler du château :
« Holdcastle est un manoir inhabité depuis près d’un siècle. Son ancienne propriétaire a disparu un jour sans laisser de traces. »
Après cette visite, nous avons pris le chemin du château où nous sommes arrivés après cinq minutes de route.
C’était une grande demeure avec deux belles tours de chaque côté d’un grand bâtiment en pierre grise. Un escalier au bas duquel veillaient deux grands lions en bronze nous permettait d’accéder à la porte d’entrée. Nous entrâmes et sous nos yeux se dévoila un décor somptueux.
Après avoir visité et nous être installés, nous nous sommes mis à faire un peu de ménage. En passant le balai sous un meuble, Sandrine trouva un bracelet en or. Le trouvant très joli, elle le passa à son poignet. Puis, épuisés, nous sommes allés nous coucher.
Le lendemain matin, à l’aube, Sandrine alla acheter des croissants. Arrivée au château, elle me raconta que durant tout le trajet, elle s’était sentie suivie. Mais lorsqu’elle se retournait, elle ne voyait personne. Ce phénomène inexpliqué me perturba peu car Sandrine me paraissait fatiguée. Tout au long de la journée, nous nous sommes remis à faire du rangement.
En entrant dans une pièce, je vis le portrait d’une jeune femme habillée en blanc. J’appelai Sandrine et, quand elle vit le tableau, elle me dit qu’elle avait vu cette femme dans ses rêves.
Le soir même, au dîner, elle mit le couvert pour trois personnes. Intrigué, je lui demandai :
« En quel honneur mets-tu le couvert pour trois ? »
Elle me répondit d’un air honteux :
« Je pensais que nous étions trois, peut-être à cause de la jeune femme de mes rêves. »

Après une journée fatigante, nous sommes montés nous coucher. Vers minuit, un cri d’affolement me réveilla. Tout à coup, Sandrine entra en trombe dans ma chambre. Elle était en sueur, effrayée. Je lui demandai ce qui se passait. Elle me dit qu’elle avait vu la jeune femme du tableau, et qu’elle lui avait parlé.
Je la réconfortai et lui dis d’aller se recoucher.
Pendant le reste de la nuit, je me suis demandé si Sandrine ne devenait pas folle. Peut-être que la France, ses parents lui manquaient.
Le lendemain matin, Sandrine est retournée acheter du pain. De retour au manoir, elle me dit que ce jour-là encore elle s’était sentie encore plus suivie, et que chaque fois qu’elle se retournait, la même femme habillée de blanc disparaissait sous ses yeux.
Je décidai donc de me rendre en ville pour en savoir plus sur ce fameux tableau. Je me rendis chez le notaire et lui demandai :
« Je voudrais avoir des renseignements sur une jeune femme habillée en blanc, peinte sur un tableau »
Le notaire réfléchit un instant et sortit un gros livre marron clair où était inscrit :
REGISTRE DE LA POPULATION DE SCARE TOWN EN 1890.
Il tourna les pages et me montra le portrait d’une jeune fille : c’était elle ! Il me dit que c’était l’ancienne propriétaire du château.
De retour au manoir, je racontai tout à Sandrine. Elle paraissait encore plus effrayée. L’après-midi, je partis faire un tour dans le parc pendant que Sandrine nettoyait le sol. Un cri d’horreur attira mon attention. Je me précipitai pour trouver Sandrine assise contre un mur, sanglotante. Je compris rapidement quand je vis par terre des traces de sang et un couteau. Il était dissimulé sous un tapis, non loin du meuble sous lequel Sandrine avait trouvé le bracelet.
Après cette journée atroce pour Sandrine, nous sommes allés nous coucher. La nuit se passa sans ennuis, sauf peut-être les grincements que j’entendis dans l’escalier. C’était peut-être Sandrine qui se levait pour aller boire à la cuisine.
Le lendemain, je me suis levé vers neuf heures. Intrigué que mon amie ne soit pas levée, je suis monté dans sa chambre. La porte était entrouverte et je suis entré.
Quand je vis le visage de Sandrine, je compris qu’elle était morte depuis longtemps. Elle était adossée à ses oreillers comme si elle avait voulu reculer, car elle avait ressenti une grande épouvante. Son visage était livide, ses yeux exorbités, ses mains crispées. On aurait dit qu’elle avait vu le diable. Je prévins rapidement la police. En attendant les policiers, j’examinai Sandrine et remarquai que le bracelet avait disparu. Pris d’une inspiration subite, je me précipitai dans la pièce où se trouvait le tableau : le bracelet était là, au poignet de la jeune femme en blanc…
La police arriva et l’enquête se mit en route.
Deux jours plus tard, j’appris que Sandrine était déclarée officiellement morte d’une crise cardiaque. C’était une mort naturelle, mais j’étais sûr du contraire. Je décidai donc de rentrer en France avec son corps. Elle fut enterrée rapidement.
J’appris deux ans plus tard par une lettre du notaire que le château avait été détruit pour construire une autoroute et que tous les ouvriers du chantier avaient été frappés de folie, car ils racontaient tous avoir vu un fantôme indéterminé. Pourtant, jamais les journalistes dépêchés dans ce coin d’Écosse n’ont réussi à le photographier.


Anthony et Alexis



CAUCHEMARS PRÉMONITOIRES

Nous sommes le 15 juillet 1981. John Stark est un homme pauvre, il vit dans une maisonnette en carton à côté d’une décharge. D’autres de ses amis sont installés près de lui. Un soir, se promenant dans le coin, Stark aperçoit un objet à demi enterré. Une petite main avec les doigts longs et fins qui tient une boule transparente. La couleur est ternie et l’apparence diabolique. Plus tard, il rentre, se couche et s’endort. Dans la nuit, la boule accrochée à la main se met à briller, une espèce de champ magnétique vert se propage dans son logis. Soudain, le champ s’introduit dans le crâne de John. Celui-ci sursaute mais ne se réveille pas. Deux heures après, un cauchemar commence.

James Iha a vingt-cinq ans. Il est célibataire, sans histoire. Il travaille dans une compagnie d’assainissement des égouts. Un après-midi, il est appelé pour enlever un énorme objet qui bouche la circulation de l’eau. Avec un collègue et un camion, ils s’en vont. Arrivés sur les lieux, ils soulèvent la dalle de métal qui bloque l’entrée. James prend dans le camion une espèce de grosse ventouse pour aspirer l’objet. Il descend tranquillement les marches avec le gros tuyau.
James regarde son appareil qui lui indique l’emplacement de l’objet avant de descendre dans les eaux. À peine a-t-il plongé qu’il est attaqué par quelque chose qui bouge dans tous les sens. Son coéquipier l’entend et dévale les escaliers. Son copain lui tend la main mais James ne peut pas l’attraper, il est secoué dans tous les sens. La chose s’en va et le martyr remonte, choqué et blessé. Il est emmené d’urgence à l’hôpital où il est soigné.
La police commence à s’interroger car ce n’est pas la première fois que ce genre d’incident se produit. Deux policiers chargés de l’affaire entrent dans la chambre et le médecin présent leur montre des marques dans le dos de James. Les morsures sont examinées et ne coïncident pas avec les marques d’une dentition humaine. Les dents sont mauvaises, longues et pointues. Les inspecteurs posent des questions à Monsieur Iha mais celui-ci ne répond pas. Ils repartent sans indices mais reçoivent un appel indiquant qu’un être est repéré dans un bassin de la station des égouts. À travers un hublot, les enquêteurs aperçoivent un monstre. Son crâne a l’air déformé, comme sa mâchoire.

Chez lui, James Iha est mal. Soudain, des nausées apparaissent. James vomit une espèce de larve gélatineuse bleue. Celle-ci est morte et l’homme meurt aussitôt. Une amie découvre le corps et appelle la police. Les deux inspecteurs examinent la chose trouvée. L’amie est interrogée, mais elle ne sait rien.
Tout d’un coup, l’un des deux hommes se lève et dit :
« Ça y est, j’ai compris !
— Quoi ?
— Tu sais, cette espèce de larve, c’est les petits de la chose de la station.
— Là, je ne te suis pas ?
— Mais si, c’est simple. Tu te souviens, un homme avait déjà été victime de l’humanoïde, il avait exactement les mêmes morsures et travaillait dans une compagnie d’égouts.
— D’accord, mais on n’a jamais retrouvé de larve ?
— Oui, mais elle devait être vivante, elle a dû sûrement rejoindre les égouts pour continuer à grandir avec la chose.
— Mais alors, pourquoi se sert-elle de nous ?
— Elle veut qu’on lui serve de mère porteuse. Elle nous mord, nous introduit son petit et une fois que celui-ci peut naître, il ressort et rejoint les égouts. »
Pendant qu’un policier reste à la maison du défunt, l’autre retourne à la station où l’humanoïde s’est échappé. Tous les bassins sont vérifiés mais personne.
Cinq ans plus tard, la chose avait disparu, plus d’agression dans les égouts. Où l’être est-il parti ? Qu’est-il devenu ? Mystère !

John Stark se réveille en sueur. La boule brille mais il ne s’en rend pas compte car elle est dans sa poche. Quatre jours plus tard, il regarde le journal du matin et lit :
Agression dans les égouts.
Il tourne les pages et lit qu’un homme, James Iha, a été agressé dans les égouts par quelque chose… L’article résume exactement son rêve. Stark marche jusqu’au soir, et repense à tout ça. Il s’endort péniblement et fait un autre cauchemar.

Nous sommes le 17 juillet 1986 en Égypte. Douze personnes entrent dans la pyramide de Khéops pour la piller. Soudain, la porte se referme derrière eux. Les pilleurs se retournent et essaient de rouvrir la porte, mais en vain. Les douze hommes sont prisonniers. Ils se séparent en trois groupes de quatre et partent à la recherche de la chambre principale. L’un des trois groupes la trouve, mais les deux autres se sont égarés. C’est une petite chambre avec un tombeau au milieu, orné d’or et de diamants. Sur les murs, une immense quantité de hiéroglyphes est inscrite. Un des trois hommes aperçoit une espèce de manivelle sur les parois du tombeau. Le plus fort du groupe la tire et la dalle qui recouvre la tombe s’ouvre. Dedans, il y a la momie de Khéops et beaucoup de bijoux. L’un d’eux émerveillé par la splendeur du spectacle se jette dessus et commence à mettre le trésor dans son sac.
Soudain, la momie se réveille, elle est sèche, maigre, les yeux enfoncés et le crâne fracturé. Elle prend un membre du groupe, lui casse la nuque, lui arrache un bras et le met à la place du sien. Tous les membres du petit groupe sont déchiquetés de partout. La momie poursuit son chemin à travers la pyramide pour trouver les autres membres du groupe. Ils sont tous tués et chaque personne est mutilée. La momie retourne dans son tombeau avec le sentiment de s’être vengée de ceux qui l’avaient tuée à son époque.
Les autorités égyptiennes découvrent le massacre. Les policiers surpris par le carnage cherchent d’éventuels indices. Mais sans aucun résultat. Que s’est-il passé ? Mystère !

John Stark se réveille en sursaut. La boule est tombée de sa poche. Il s’aperçoit qu’elle brille et que c’est elle qui lui provoque ces cauchemars prémonitoires. Trois jours après, la nouvelle du massacre de la pyramide est annoncée dans le journal. Stark, se doutant que personne ne le croira s’il raconte ses rêves, jette la boule au fond d’un lac. Sa vie est toujours pareille, mais maintenant, il dort un peu mieux.

Thomas et Grégory



LE GOLEM DE JADE


Je me repose dans ma villa de Montesseau : c’est une jolie villa au bord de la mer, entourée d’un parc qui donne d’un côté sur une plage et de l’autre sur une grande allée bordée de peupliers et donnant sur un grand portail.
Une terrasse de marbre noir et blanc surplombe la mer d’un bleu profond. Près de la terrasse se dresse une statue. C’est un golem de jade, d’un vert profond ; son visage ne manifeste aucune expression mais est si bien réalisé qu’il semble presque animé.
J’ai acheté cette statue il y a cinq jours : je me promenais dans la rue piétonne quand mon regard fut retenu par un magasin d’antiquités. Je ne sais pas pourquoi, mais je voulais entrer dans la boutique. Vue de l’extérieur, cette boutique n’avait pas grand intérêt mais ce que je découvris en entrant m’étonna : des étagères sur tous les murs portaient des milliers d’objets de toutes les formes et de toutes les couleurs, mais je fus surtout attiré par une statue étrange posée au centre de la pièce. Je m’en approchais pour l’observer, lorsqu’une voix rauque dans mon dos me fit sursauter et me retourner. C’était un vieil homme à la barbe grise.
« C’est un golem, me dit-il.
— Une très belle pièce, combien coûte-t-elle ?
— Trois mille francs.
— Je vous l’achète.
— Je vous aide à la transporter.
— Oui, merci. »

Après avoir installé la statue, l’antiquaire qui observait la villa eut un sourire satisfait.
Deux jours après l’achat de la statue, mon chat est mort. J’étais sur le point de me coucher quand mon chat hurla. Je descendis l’escalier et allai à la véranda. Une ombre étranglait mon chat. J’essayai d’ouvrir la porte, mais la clef était en haut. Le temps que je remonte et que je redescende, le malfaiteur était parti, et mon chat avait disparu.
Le matin, j’ai inspecté la véranda. Il n’y avait rien, hormis des poils de chat. Je suis sorti. Il n’y avait pas de traces dans l’herbe, le voleur avait dû emprunter le chemin dallé. Je m’approchai de la statue et je découvris des poils de chat sur les mains et les jambes de jade. Mon chat adorait la statue : il se frottait contre elle et se couchait entre ses mains.
Voilà toute l’histoire, j’ai une belle statue mais mon chat est mort.

Comme mon jardinier arrivait pour tondre la pelouse, je lui dis :
« Fais attention à la statue, Victor.
— Elle n’est pas bien placée, Monsieur, cela m’empêche de tondre.
— Fais un détour, on ne peut pas la déplacer.
— Maudite statue.
— Bon, je monte dans ma chambre, lui dis-je. »

Après avoir lu quelque temps, je descends, mais Victor n’est plus là.
« Victor, Victor ! »
Je cours vers la tondeuse qui est toujours en marche. Là, l’herbe est froissée. Des traces m’emmènent jusqu’à la cabane du jardin. J’ouvre la porte et je découvre le corps du jardinier. On aurait dit qu’il avait été assommé. À côté, un marteau jonche le sol.
Quand je me retourne, je vois que la statue a changé de position.
Je dois avoir des hallucinations, me dis-je.
Rentré à la maison, j’appelle ma femme de ménage :
« Aurélie, Victor s’est fait tuer. Il est dans la cabane de jardin ! Où êtes-vous ? Aurélie ? Aurélie ? »

Soudain, le téléphone sonne.
« Allô !
— Bonjour, c’est M. Kyffin ?
— Oui, qui êtes-vous ?
— Je suis le voisin d’en face. Votre femme de ménage est venue chez nous. Elle est hystérique. Elle nous a dit qu’elle avait vu son double en vert. Elle a eu peur, puis elle est partie à l’hôpital avec ma femme.
— Merci. Au revoir. »

Tous ces événements se bousculaient dans ma tête. Moi aussi, je vais devenir…

À l’hôpital, on me dit que les médecins vont garder Aurélie en psychiatrie.
« Vous appellerez sa famille, Docteur ?
— Oui, nous le ferons, et nous vous appellerons aussi.
— D’accord, au revoir.
— Au revoir. »

À peine arrivé chez moi, je suis appelé de l’hôpital, et l’on m’apprend qu’Aurélie vient de mourir. Son lit avait brûlé et elle est méconnaissable.
Je me suis couché pour passer une nuit cauchemardesque.

Le lendemain, je retourne dans le parc et m’apprête à rentrer à la villa quand mon regard est attiré par un détail qui me choque : la statue n’est plus là !
Je m’approche du socle, en pensant que le vent avait dû la faire basculer, mais quand j’arrive près du piédestal, je vois clairement que le golem a bel et bien disparu.
Pensant qu’il a été volé, je cours jusque dans le salon pour téléphoner à la police mais je me rappelle que j’ai mis le téléphone dans le bureau la veille. Je cours jusqu’au bureau, j’ouvre la porte et je sursaute à la vue de ce que je découvre : des meubles sont retournés, cassés, les livres sont déchirés, les tableaux transpercés.
En regardant mon fauteuil, je vois la statue. Elle n’a plus les mêmes traits. Je trouve qu’elle me ressemble. Et soudain, elle se lève. Sèchement elle ouvre la main et la referme. Entraînée par un pouvoir puissant, ma tête heurte le mur. Je ressens une violente douleur. La statue est déjà à côté de moi. Elle se baisse, je me sens lourd, lourd…

Le cousin de M. Kyffin hérita de la villa. En déménageant, quelques mois après la disparition de son malheureux parent, il trouva le journal intime de celui-ci. Il l’ouvrit aux dernières pages.
21 juillet 1992.
J’ai peur. Depuis que j’ai acheté cette statue, mon chat a disparu, mon jardinier, Victor, s’est fait assommer, et ma femme de ménage est morte en psychiatrie. Moi, je deviens fou. J’ai des hallucinations. Je crois voir la statue bouger…


Intrigué, il laisse de côté le journal intime et se saisit d’un vieux journal froissé et jauni, abandonné depuis quelques mois dans un coin. Il y a un article dont il n’avait pas eu connaissance.

Étrange disparition Dans une villa de Montesseau, plusieurs disparitions ont été constatées. Un homme, Antoine Kyffin et son chat ont disparu sans laisser de traces. Au cours des recherches, aucun indice n’a été trouvé. L’affaire est classée.


Damien et William